Le Québec a amorcé le trimestre qui s'achève la semaine prochaine avec beaucoup plus d'allant que le reste du Canada.

En juin, dernier mois du deuxième trimestre, sa croissance mensuelle réelle s'est élevée à 0,5%, selon les données de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). L'ensemble du Canada a connu un gain de seulement 0,1% durant la même période, ce qui a néanmoins permis à nombre d'experts d'affirmer que la récession canadienne avait pris fin dès lors.

Pour la période d'avril, mai et juin, l'économie du Québec s'est quand même contractée pour le troisième trimestre d'affilée, cette fois au rythme de 2,8% sur une base annualisée. D'un océan à l'autre, le recul était plus prononcé, à hauteur de 3,5%.

En fait, durant la dernière récession, le Québec aura été bien moins touché que l'ensemble du pays. En 2008, l'expansion de l'économie canadienne a été contenue à 0,5% alors que celle du Québec aura tout de même atteint 1,2%.

Après six mois en 2009, le fléchissement de la production québécoise de biens et services atteint 1,5%, soit la moitié moins que celle de l'ensemble du Canada.

Si le troisième trimestre se solde par de la croissance, cela signifie que la récession aura duré trois trimestres. C'est bien moins que les deux ans de la précédente, celle de 1990-1991.

«De toutes les provinces, l'économie du Québec est, avec celles du Manitoba et de la Nouvelle-Écosse, la moins cyclique, note Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. En soi, ce n'est pas une mauvaise chose.»

Cela repose avant tout sur sa diversité. La belle progression de juin est là pour en témoigner. La croissance a été générée par une poussée de 0,8% de la production de biens et par une avancée de 0,4% des services. Dans le premier cas, l'extraction minière a bondi de 8,6%, la fabrication de 1,2%, tandis que la production, le transport et la distribution de gaz et d'électricité généraient un gain de 0,2%.

Du côté des services, 10 industries sur 13 étaient à la hausse, dont le commerce de détail, le transport et l'entreposage et les services aux entreprises.

Frappé depuis le début de la décennie par les déboires de la foresterie, le Québec a été plutôt épargné par la crise de l'industrie automobile et par l'effondrement du prix du gaz naturel qui ont fait du tort à l'Ontario, la Saskatchewan, l'Alberta et la Colombie-Britannique.

Cela signifie aussi qu'il profitera moins de la reprise de ces secteurs, en particulier de la production automobile, ranimée en début d'été.

«Je m'attends à un rebond de 1% du PIB (produit intérieur brut) canadien pour juillet, mais avant les données d'hier, je pensais que le Québec avait stagné en juillet», poursuit M. Lavoie. Il estime désormais possible une croissance modeste, compte tenu du rebond spectaculaire des exportations.

«Juillet va être probablement positif malgré un léger repli des ventes au détail, affirme sans ambages Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins. Pour le trimestre, ça reste à voir.»

Dans son scénario économique, Desjardins voit une mince contraction de 0,1% au troisième trimestre, tant pour le Canada que pour sa société distincte. En cela, l'institution lévisienne demeure parmi les plus pessimistes du monde financier où la majorité des experts estiment plutôt que l'été aura été marqué par un net retour à la croissance.

Desjardins s'inquiète surtout du niveau des stocks, en particulier ceux des grossistes.

Certaines industries par contre sont très avancées dans leur déstockage, comme la production d'aluminium.

Dans une analyse publiée hier, l'économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux, Douglas Porter, réitère que la reprise repose avant tout cette fois-ci sur la demande intérieure, compte tenu du temps qu'il faudra aux ménages américains pour rétablir leur bilan. «Si l'Ontario va rebondir à court terme de son creux des derniers mois, la province va devoir continuer de se débattre plus que le reste du pays.»