La presse américaine est en butte à de sérieuses difficultés mais ne sollicitera pas de plan de sauvetage du gouvernement, a indiqué jeudi l'Association américaine des journaux (NAA).

«Le secteur de la presse ne cherche pas à obtenir de plan de sauvetage ni d'autres subventions particulières», a déclaré le président de la NAA, John Sturm, lors d'une audition devant une commission de la Chambre des représentants sur «L'avenir des journaux».

«Nous ne croyons pas qu'une aide gouvernementale directe soit adéquate pour un secteur dont le coeur de métier est de rassembler, d'analyser et de diffuser des informations», a-t-il ajouté, alors que la presse américaine a connu une vague de faillites, de suppressions d'emplois et de fermetures au cours des derniers mois.

Ces remarques interviennent au lendemain d'un sondage de la Sacred Heart University (Connecticut, selon lequel près de 80% des Américains sont opposés à l'utilisation des fonds publics pour aider les journaux en difficulté face à l'érosion de leur lectorat et des revenus publicitaires.

M. Sturm, dont l'association représente près de 2000 journaux, soit plus de 90% de la presse quotidienne aux États-Unis, a jugé que le Congrès pouvait suivre plusieurs pistes pour aider la presse, comme modifier le système d'imposition des journaux.

Une loi qui permettrait aux journaux de devenir des entités à but non lucratif tout en continuant à bénéficier de revenus publicitaires «pourrait marcher dans certaines situations», a-t-il ajouté, mais ne constituerait pas «une solution globale pour régler les problèmes».

«À court terme, nous reconnaissons que les journaux devront de leur propre chef ajuster leur modèle économique pour trouver une manière de rentabiliser leur contenu en ligne», a-t-il estimé.

Il a ajouté que de nombreux journaux étudiaient la possibilité de faire payer d'une manière ou d'une autre les contenus numériques qu'ils offrent actuellement gratuitement.

«Les groupes de presse étudient activement de nouveaux modèles d'entreprise et cherchent en même temps de nouveaux systèmes qui permettraient aux journaux (...) de pister, détecter et imposer une redevance sur des contenus qui sont utilisés en ligne par les portails et les agrégateurs pour leur propre bénéfice», a déclaré M. Sturm.

Il a dit s'attendre à ce que de telles solutions «soient sur le marché d'ici à six mois».

Le journalisme local, d'investigation et le reportage sont menacés de disparition «si les journaux ne parviennent pas à obtenir une compensation équitable et raisonnable en échange des contenus qu'ils produisent».

«Les créateurs de contenus de valeur ne peuvent survivre sans une compensation directe de la part de ceux qui utilisent leur travail créatif, a-t-il insisté. Cela ne fonctionne pas pour la musique, les livres ou les films. À long terme, cela ne fonctionnera plus non plus pour le contenu des journaux.»