Confrontés au rétrécissement continu de leurs revenus publicitaires, de plus en plus de quotidiens nord-américains envisagent de rendre leurs sites web payants.

Il s'agirait d'un changement important, puisque le contenu en ligne est essentiellement offert gratuitement depuis une quinzaine d'années. Les éditeurs de journaux pouvaient se permettre un tel luxe grâce aux généreux profits engrangés par les éditions imprimées, ce qui n'est plus le cas.

Une étude récente menée par l'Institut de la presse américaine (IPA) a établi que 58 pour cent des journaux interrogés pourraient bientôt imposer des frais en ligne. De ce nombre, 22 pour cent pourraient le faire d'ici la fin de l'année. L'étude a été menée auprès de 118 dirigeants de journaux au Canada et aux Etats-Unis.

La transition risque toutefois de se faire progressivement, puisque personne ne sait encore exactement comment procéder pour générer de nouveaux revenus sans effaroucher les lecteurs et, du fait même, les annonceurs en ligne.

Personne ne sait combien les internautes seront prêts à payer pour mettre la main sur du contenu qu'ils peuvent fréquemment obtenir gratuitement par le biais de sites comme Facebook et Twitter.

Ainsi, le quotidien Pittsburgh Post-Gazette, qui a un tirage d'un peu plus de 200 000 exemplaires par semaine, a récemment mis en ligne un site Web qui offre des nouvelles et des commentaires sur le sport, la politique et les arts et spectacles. Ce contenu - qui ne se retrouve ni dans l'édition imprimée, ni sur le site Web gratuit - est offert pour 36 $ US par année.

Le géant News Corp, qui connaît déjà un franc succès en ligne avec son abonnement au site Web du Wall Street Journal, songe à appliquer le même système au New York Post et au Times of London. Pour sa part, le New York Times pourrait ressusciter le système d'abonnement en ligne aboli en 2007.

Quatre des plus importantes entreprises technologiques de la planète - Google, Microsoft, Sun et Oracle - ont exprimé leur désir de mettre en place un système de paiement en ligne pour les éditeurs.

Une autre initiative, celle de Journalism Online, a déjà retenu l'attention d'un millier d'éditeurs; elle permettrait aux abonnés de se procurer le contenu qui les intéresse le plus, sans qu'ils aient à fournir un numéro de carte de crédit chaque fois.

Environ 44 pour cent des éditeurs interrogés par l'IPA ne croient toutefois pas que l'imposition de frais en ligne soit la voie de l'avenir. Ceux qui continuent à offrir leur contenu gratuitement, a expliqué un analyste, pourraient voir leur achalandage - et leurs recettes publicitaires en ligne - décupler.