L'affaire Kerviel, devenu le symbole en France des dérives du capitalisme financier, se retrouve sous les feux de la rampe à Nice, où se joue à partir de mercredi une pièce librement inspirée des mésaventures du trader de la banque Société Générale.

«Le roman d'un trader», une pièce de Jean-Louis Bauer, auteur d'une trentaine de pièces, est montée au Théâtre national de Nice du 23 septembre au 17 octobre par le directeur du théâtre, Daniel Benoin, avec Lorànt Deutsch dans le rôle titre.

Dans la vraie vie, Jérôme Kerviel, 32 ans, est accusé par son ancien employeur d'avoir causé près de 5 milliards d'euros de pertes en janvier 2008 par des prises de position non autorisées sur les marchés financiers.

L'affaire Kerviel avait provoqué une première panique dans les milieux financiers avant d'être suivie quelques mois plus tard par un séisme encore plus considérable avec la crise des subprimes, la faillite de la banque Lehman Brothers à Wall Street, puis l'octroi de 700 milliards de crédits aux banques américaines pour éviter un effondrement du système financier international.

La pièce démarre, comme dans l'affaire Kerviel, sur la découverte, un week-end, par le directeur général d'une grande banque qu'un jeune trader a joué et perdu des milliards et qu'il n'y a plus assez de liquidités pour purger l'affaire en douceur.

Après avoir en vain tenté d'emprunter de l'argent avec l'aide du gouvernement, le directeur général cherche à sauver sa tête avant le lundi fatidique. Mais alors que l'ex-trader n'a pas encore été jugé et a déjà retrouvé un travail, la pièce, qui veut dénoncer la «transformation des banques en salles de casino» par les dérives du crédit «se termine plus tragiquement», dit Daniel Benoin sans en révéler davantage.

S'il espère «provoquer une prise de conscience», le metteur en scène rappelle qu'il présente avant tout «une oeuvre de théâtre, avec ses sourires, ses extravagances».