La chaîne internationale de mode Fashion TV, née en 1997 dans un bar parisien et diffusée aujourd'hui sur les cinq continents, a annoncé vendredi préparer son entrée en Bourse en surfant sur le succès de sa formule mettant en avant de jeunes et jolies femmes mannequins.

«C'est simple: les gens aiment voir de belles femmes, et les mannequins et créateurs aiment qu'on parle d'eux», résume Michel Adam, 59 ans, fondateur et propriétaire de la chaîne. Encore modeste avec un chiffre d'affaires affiché de 50 millions d'euros annuels, la société basée à Vienne souhaite à terme se poser en concurrente de la chaîne musicale MTV, avec qui elle partage un coeur de cible urbain et aisé.

Fashion TV souhaite à cet effet mettre en Bourse cet automne à Vienne ou à Francfort 20% de son capital pour lever «de 40 à 50 millions d'euros» afin de financer son développement, a annoncé vendredi son dirigeant.

Déclinée en douze versions et diffusée 24h/24h dans 400 millions de foyers et lieux publics dans le monde, selon lui, la chaîne souhaite notamment accélérer son passage à la haute définition (HD), lancer des stations de radio FM et accroître sa pénétration sur les marchés chinois et américain.

Elle n'a toutefois pas d'autre prétention que de continuer à offrir dans les bars, galeries commerçantes et aéroports de la planète une toile de fond à base de mode et de défilés, des plus habillés (haute couture) aux plus dévêtus (lingerie), mais «toujours glamour et sans vulgarité», selon M. Adam.

«Le secret du succès de Fashion TV, c'est sa superficialité», assume le dirigeant, lunettes colorées et veste noire siglée du diamant qui symbolise la chaîne, lors d'une interview à l'AFP au nouveau siège de Fashion TV dans la capitale autrichienne.

L'idée de projeter des images de défilés de mode lui était venue alors qu'il exploitait un bar à Paris et a débouché sur la création de la chaîne en 1997: «J'ai été un pionnier: j'ai aperçu un marché et je m'y suis engouffré».

Le modèle économique est resté inchangé: des rentrées publicitaires certes limitées, mais des coûts de production réduits au minimum par une production vidéo au kilomètre confiée à des pigistes et sous-traitants.

«La chaîne sert de vitrine pour la marque. Les profits se font surtout avec les produits dérivés, les franchises et l'organisation d'événements», précise M. Adam, qui affirme avoir rejeté au début des années 2000 une offre de rachat formulée par le groupe de luxe français LVMH.

Fashion TV exploite notamment un réseau de 40 bars-lounges placés sous franchise dans le monde, et doit en ouvrir à Tokyo, Bangkok, Singapour, Delhi et Dubaï d'ici la fin de l'année. Le groupe «enregistre des bénéfices depuis cinq ans», affirme-t-il sans fournir de chiffres.

La société, qui vient de lancer une marque de prêt-à-porter, une vodka et un champagne, projette en outre le lancement d'une chaîne de complexes hôteliers.

Mais si Fashion TV compte la moitié de ses téléspectateurs en Asie, elle butte encore sur le marché américain. «C'est là-bas qu'on a le plus de mal: la culture puritaine et les relations entre les propriétaires des chaînes et les distributeurs ne nous facilitent pas la tâche», estime Michel Adam.

Né Adam Lisowski en Pologne en 1950, l'homme d'affaires avait quitté la France en 2000 après y avoir été condamné à deux ans de prison, dont un an avec sursis, pour des agressions sexuelles sur une jeune femme mannequin.