Plusieurs indicateurs publiés jeudi ont confirmé que les États-Unis étaient engagés sur la voie de la reprise, malgré un recul de la construction de maisons individuelles qui est venu rappeler l'état encore très fragile de la première économie mondiale.

Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés jeudi par le département du Commerce américain, les mises en chantier de logements et les permis de construire délivrés aux États-Unis ont rebondi en août. Mais cette hausse masque un recul du secteur essentiel des maisons individuelles après plusieurs mois de hausse.

En effet, la hausse des permis (+2,7%) par rapport à juillet et celle des mises en chantier (+1,5%) a été tirée par un bond dans le secteur des habitations collectives, soumis à des mouvements de yo-yo depuis plusieurs mois.

Pour les maisons individuelles, qui représentent plus des trois quarts de la construction de logements du pays, les mises en chantier de logements ont reculé pour la première fois depuis sept mois, de 3,0%. Et le nombre de permis de construire délivrés a reculé de 0,2%, sa première baisse après quatre mois de hausses successives à plus de 5,0%.

Notant que le recul des permis est très faible, Ian Shepherdson, de l'institut IHS Global Insight, estime qu'«une tendance très nette de hausse est en train d'apparaître dans le secteur des maisons individuelles», bien que le niveau d'activité reste bas.

Pour l'économiste indépendant Joel Naroff, «la lente amélioration du secteur du logement continue».

«La baisse de l'activité dans le secteur des maisons individuelles pourrait soulever la question de la viabilité de l'amélioration», estime-t-il, mais malgré cela, le logement, «qui a soustrait environ un point de croissance pendant les deux ou trois dernières années, pourrait y contribuer à hauteur d'un point» au troisième trimestre.

Ce secteur très suivi avait touché le fond en avril, après avoir été à l'origine de la crise. Les économistes estiment d'une manière générale qu'aucune reprise viable ne pourra s'installer sans progression durable de la construction de logements.

Or, l'activité reste encore très faible: les chiffres du Ministère montrent que le nombre de logements en cours de construction est au plus bas depuis 1970, date de la première publication de cette donnée. Le nombre de chantiers autorisés mais non commencés est lui aussi au plus bas, depuis janvier 1968 au moins.

Les États-Unis se relèvent de leur récession la plus longue depuis 1945 et ne s'en sortiront pas du jour au lendemain. Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a prévenu mardi que si la récession était désormais finie, l'économie resterait «très faible» pendant un certain temps.

Mais progressivement plusieurs indicateurs repassent au vert. Jeudi, l'indice d'activité manufacturière autour de Philadelphie s'est maintenu en terrain positif pour le deuxième mois consécutif, et bien plus que ne l'attendaient les analystes.

Contre toute attente, le nombre de nouveaux chômeurs inscrits en une semaine est apparu en baisse, pour la deuxième semaine d'affilée, témoignant, selon Andrew Gledhill, de Moody's Economy.com, que «le marché du travail avance lentement dans la bonne direction» malgré la hausse du chômage.

Enfin, la Fed a publié des statistiques montrant que la richesse nette des ménages (leur patrimoine moins leur dette) avait cessé au deuxième trimestre de reculer, pour la première fois depuis l'été 2007.