Le nombre d'emplois offerts sur le web a fait un bond au Canada le mois dernier... ce qui n'empêchera pas le taux de chômage de grimper jusqu'à 10% l'an prochain.

C'est ce qui ressort de deux études discordantes publiées hier par l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et le Conference Board.

L'une prédit une hausse continue du chômage jusqu'à l'an prochain au pays, tandis que l'autre voit déjà des signes de reprise - et une stabilisation du nombre de sans-emploi au cours des prochains mois.

Le Conference Board du Canada se montre le plus optimiste. L'organisme a dévoilé hier un nouvel indice, qui comptabilise les emplois offerts sur les différents sites de recherche canadiens. Verdict: les offres ont grimpé de 2,6% en août par rapport à juillet. Un bon signe.

«Ça indique vraiment que les données d'emploi devraient se stabiliser, et c'est vraiment un indice que la récession tire à sa fin quant à l'emploi et à la production des entreprises», a fait valoir Pedro Antunes, directeur des prévisions nationales et provinciales, pendant un entretien à La Presse Affaires.

L'indice donne un bon aperçu du marché «à très court terme» - septembre et octobre - et laisse croire que la chute de l'emploi est presque terminée, a expliqué M. Antunes. Le Conference Board s'attend à ce que le taux de chômage atteigne «un maximum» de 9,5% d'ici la fin de l'année ou au début de 2010.

L'OCDE, pour sa part, croit que le pire est loin d'être passé pour les travailleurs. Le taux de chômage devrait grimper de 8,7% le mois dernier à près de 10% l'an prochain au Canada, a avancé hier l'organisme.

Selon l'OCDE, le marché de l'emploi canadien pourrait subir des conséquences «plus importantes» que pendant la récession du début des années 90. Et mettre un bon bout de temps à reprendre son aplomb.

«Pendant la récession du début des années 90, le taux de chômage a atteint son sommet en 1993, mais il a mis huit ans par la suite avant de revenir à son niveau prérécession», indique l'étude.

L'effet Ottawa

L'OCDE estime néanmoins que le plan de stimulation économique d'Ottawa devrait avoir un effet «relativement important» dans l'atténuation des pertes d'emplois. Sans ce bouquet de mesures de plusieurs milliards de dollars, le taux de chômage pourrait être de 0,7% à 1,1% plus élevé l'an prochain que les presque 10% prévus, écrit l'OCDE.

La Banque RBC a elle aussi souligné l'effet réel des «vigoureuses» mesures de relance mises en place par Ottawa, dans un rapport publié hier. L'institution prévoit une croissance de l'économie canadienne de 2% et 2,4% aux troisième et quatrième trimestres de cette année, et de 2,6% l'an prochain.

«Nous pensons que cette récession au Canada sera la moins grave des trois dernières, même après les reculs spectaculaires qu'a connus le PIB (produit intérieur brut) à la fin de 2008 et au début de 2009», a commenté Craig Wright, premier vice-président et économiste en chef de RBC, dans le rapport.

Mais la reprise ne fera pas décroître instantanément le taux de chômage l'an prochain, nuance la RBC. Il devrait atteindre 10%, pour descendre à 9,7% à la fin de 2010, avance la Banque Royale.