La dette massive accumulée par les États-Unis pour sortir de la récession va inhiber la croissance pendant des décennies et le secteur financier américain, «quasiment inutile», doit subir de profondes réformes, a déclaré vendredi le prix Nobel d'économie Edmund Phelps.

«J'ai un sombre pressentiment concernant l'économie américaine sur les prochaines décennies», a déclaré l'économiste américain lauréat du prix Nobel en 2006, au cours du forum économique de Krynica, surnommé le Davos d'Europe de l'Est. «Je considère le système financier comme quasiment inutile en ce qui concerne le développement de la prospérité aux États-Unis», a déclaré M. Phelps. «Il devra être réformé et, en principe, la concurrence pourrait y parvenir en quelques décennies mais je ne pense pas que nous puissions attendre aussi longtemps».

Les mesures prises par la Réserve fédérale américaine pour alimenter en liquidités des marchés financiers font craindre une forte inflation, a-t-il insisté.

«Le déversement massif de liquidités provoqué par la Réserve fédérale est une menace: il comporte réellement un risque d'inflation. Bien plus que (le gouverneur de la Réserve fédérale Ben) Bernanke ne l'admet», a-t-il déclaré.

«C'est en renforçant autant que nous le pouvons la capacité d'innovation de l'économie américaine que l'on peut la sauver et cela exige une réforme du secteur financier, une réforme du monde des entreprises et nécessite des politiques plus favorables aux entreprises de la part du gouvernement», a-t-il dit devant l pesse.

«Lorsque l'économie américaine va toucher le fond et commencer à se redresser quelque peu, nous aurons un niveau très élevé d'endettement de l'État, une situation qui ne sera tenable qu'au prix d'un impôt marginal très élevé qui pendant de nombreuse années provoquera le report de nombreuses activités innovatrices», a-t-il lancé.

Sous l'effet de la chute d'établissements financiers du pays, l'économie américaine est entrée en récession en décembre 2007, déclenchant la crise mondiale.

Après l'injection de 800 milliards de dollars (550 milliards d'euros) pour relancer l'économie, la plupart des prévisions donnent une reprise de la croissance du produit intérieur brut au troisième trimestre après une contraction d'environ 1% au deuxième trimestre et une chute de 6,4% au premier trimestre.