Le PDG de la banque d'affaires américaine Lloyd Blankfein a mis en garde mercredi contre la tentation de réformer la régulation financière au point de décourager toute prise de risque, tout en avançant diverses pistes pour améliorer le système.

Dans un discours prononcé en Allemagne dont le texte a été communiqué par la banque, M. Blankfein fait valoir qu'il faut «résister à (la tentation) d'une réaction visant uniquement à nous protéger d'une tempête qui n'arrive que tous les 100 ans».

«Retirer totalement le risque du système se ferait aux dépens de la croissance économique», ajoute le patron de la plus prestigieuse banque américaine, soulignant que «si nous abandonnons, au lieu de réguler, des mécanismes de marché créés il y a plusieurs dizaines d'années, comme les produits dérivés, nous pourrions limiter l'accès au capital et une protection et distribution efficaces contre le risque».

Ces déclarations interviennent à deux semaines d'un sommet du G20 qui doit être largement consacré à un projet de nouvelles règles financières pour empêcher un retour aux dysfonctionnements passés et une réédition de la crise financière.

M. Blankfein a néanmoins avancé plusieurs propositions, dont celle d'une chambre de compensation (clearing house) pour les produits dérivés standardisés, la réintégration dans les bilans financiers les véhicules d'investissement hors-bilan (SIV) créés pour porter des risques que la maison-mère ne veut pas assumer, une meilleure coordination des organismes de régulation entre pays et dans chaque pays, ainsi que des règles pour la rémunération des financiers qui «continue à susciter polémique et colère».

«Pour éviter une divergence entre la rémunération et la performance, les contrats de travail pluriannuels garantis devraient être totalement interdits», a-t-il notamment affirmé.

M. Blankfein a également plaidé pour qu'une progression dans la hiérarchie s'accompagne d'une part croissante de la rémunération en actions afin de mieux partager les risques, et que les actions soient distribuées avec versement différé «au moins trois ans» pour éviter «la prise de risque excessive».

En dépit de l'opprobe entourant les rémunérations mirobolantes des banquiers de Wall Street, Goldman Sachs avait provisionné 11,4 milliards de dollars au premier semestre 2008 à cette fin.