Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a exhorté vendredi les gouvernements à «formuler» des stratégies de sortie de crise claires pour ne pas saper la reprise qui se dessine.

Il a également estimé que la réforme de la régulation financière internationale n'avançait pas assez vite.

«L'économie mondiale semble être en train d'émerger enfin de la pire récession que nous ayons connue», a déclaré le chef du Fonds monétaire international dans un discours à Berlin intitulé «Par delà la crise: croissance durable et stabilité du système monétaire international».

M. Strauss-Kahn a néanmoins estimé que la reprise devrait être «relativement lente», et a même évoqué le risque d'une «reprise sans emplois», selon le texte de son discours distribué en avance à la presse.

«Le moment est venu pour les dirigeants de développer leurs stratégies de sortie, car s'ils ne parviennent pas à clarifier et à formuler leurs plans, ils risquent de saper la confiance et le processus de reprise lui même», a-t-il dit.

Néanmoins, a-t-il dit, il faut «continuer à soutenir la demande jusqu'à ce que la reprise se soit fermement installée».

«Arrêter la relance trop tôt porte en soi un risque réel de faire dérailler la reprise», a-t-il ajouté, parlant des risques que la croissance ne «cale».

Actuellement, «les risques sont plus importants concernant une sortie trop rapide» que trop tardive, a insisté M. Strauss-Kahn.

Le FMI table toujours sur une récession cette année, a-t-il rappelé. La récession devrait atteindre 1,4% au niveau mondial, avant que l'économie ne rebondisse en 2010 avec une croissance de 2,5% du Produit intérieur brut (PIB), selon les dernières prévisions du Fonds datant de juillet.

«Nous ne l'avons pas changé», a-t-il précisé.

Concernant la remise à plat de la régulation financière à laquelle se sont engagés les pays avancés et émergents du G20, le chef du FMI a estimé que «cet effort de réforme n'(avançait) pas aussi rapidement qu'il serait nécessaire pour s'attaquer aux problèmes soulevés par la crise».

C'est une «mauvaise nouvelle», a-t-il dit, ajoutant voir «toujours des risques graves de déstabilisation financière» à l'échelle mondiale.

Notamment, a-t-il fait remarquer, «la montée des défauts de paiements (sur les emprunts) signifie que les banques restent sous tension», et «l'évolution du secteur de l'immobilier commercial est une source d'inquiétudes particulières».

M. Strauss-Kahn n'a cependant pas appelé à ce que les banques occidentales soient délestées de leurs actifs invendables accumulés pendant la dernière bulle financière, comme il l'a fait à maintes reprises par le passé.

Sur le dossier sensible de la rémunération dans la banque, le chef du FMI a dit craindre «qu'à mesure que le secteur financier sortira de la crise, une mentalité du "faisons comme si rien n'était arrivé" puisse empêcher que l'on fasse de réels progrès».

A propos du système des changes, alors que la Chine a appelé à la création d'une nouvelle monnaie de réserve internationale qui détrônerait le dollar, M. Strauss-Kahn a estimé que le billet vert s'était «renforcé pendant la crise», et que celle-ci avait «reflété» son «statut d'actif refuge sans égal».

Il a également jugé que les ressources du FMI gagneraient à être «encore augmentées» malgré l'engagement pris en avril par les pays du G20 à les tripler pour lui permettre d'intensifier son aide aux pays qui en ont besoin.