Malgré ses prétentions récentes, Québec aura bien du mal à limiter à 3,9 milliards le déficit budgétaire prévu pour l'exercice en cours. En fait, il pourrait se creuser d'au moins un demi-milliard de plus parce que la récession aura été plus forte que ce à quoi le ministère des Finances s'attendait cet hiver.

Le scénario de recettes fiscales est fondé sur une décroissance de 1,2% de l'économie réelle, en 2009. Cette semaine, la Banque TD voyait plutôt un repli de 1,7% tandis que Valeurs mobilières Banque Laurentienne estimait, hier, la contraction du PIB québécois à 1,9%.

L'assiette financière est mesurée à l'aune du produit intérieur brut exprimé en dollars courants pour refléter l'inflation. Québec estimait l'hiver dernier le recul du PIB nominal à seulement 0,1% alors que le taux d'inflation sera quasi nul durant l'exercice. L'ampleur du recul du PIB réel reflétera donc fidèlement le manque à gagner du Trésor.

«Le déficit au Québec sera passablement plus élevé que les 3,9 milliards prévus dans le budget, prédit Sébastien Lavoie, économiste de l'institution montréalaise. On doit s'attendre à une baisse d'au moins 500 millions des revenus autonomes.»

Les bénéfices des entreprises seront moins élevés que prévu et, forcément, la part qui échouera dans le Trésor public.

Dans son Rapport mensuel des opérations financières publié la semaine dernière, le ministère des Finances faisait état d'un excédent des dépenses sur les revenus de près de deux milliards pour avril et mai, les deux premiers mois de l'année budgétaire. Le rapport rappelle que cet écart rétrécit traditionnellement au cours des mois suivants ce qui amène la conclusion suivante: «Sur la base des résultats cumulatifs au 31 mai 2009, le déficit budgétaire de 3,9 milliards de dollars prévus en 2009-2010 est maintenu».

Le lendemain, Moody's reconduisait la note de crédit du Québec Aa2 en soulignant que «le plan budgétaire visant à rétablir l'équilibre à moyen terme soutient la perspective de notation stable».

Hausse de la TVQ

«Je suis d'accord avec Moody's, mais cela implique que Québec devra faire d'autres annonces pour rétablir l'équilibre budgétaire en 2013-2014», souligne M. Lavoie.

En 2011, il est prévu que Québec porte de 7,5% à 8,5% la taxe provinciale de vente. Des discussions sont en cours avec Ottawa pour l'harmoniser complètement avec la TPS fédérale, comme l'Ontario et la Colombie-Britannique vont le faire, ce qui leur donnera de généreuses ristournes d'introduction.

La volonté affichée par le ministère des Finances de s'en tenir à sa cible contraste avec ce qui est observé dans d'autres provinces. Mardi, la Colombie-Britannique faisait passer son déficit de 500 millions à 2,8 milliards et, partant, annonçait un plan triennal de compressions des dépenses pour rétablir l'équilibre.

La semaine dernière, l'Alberta creusait son déficit de 4,7 à 6,9 milliards.

Les deux provinces sont lourdement touchées par l'effondrement du prix du gaz naturel qui fait fondre leurs redevances.

Plus tôt cet été, l'Ontario portait le sien de 14 à 18,5 milliards, à cause des efforts consentis pour relancer son industrie automobile.

Toutes ces provinces ont été plus frappées que le Québec par la récession.

Mais la société distincte n'a pas été épargnée. En juillet, elle a perdu 32 000 emplois selon Statistique Canada, le pire chiffre depuis 1992. Ce sont 32 000 personnes qui paieront moins d'impôt pendant plusieurs semaines.