Le débat sur les finances publiques annoncé par le premier ministre Charest a beau être encore dans sa phase préparatoire, les économistes de la banque TD y vont de leurs réflexions: avec une population active qui croîtra à peine et une faible productivité, les Québécois devront payer davantage pour les services offerts par le gouvernement.

«Le concept que l'administration publique est capable de subventionner généreusement l'électricité, les frais des études supérieures et les services de garderie doit être remplacé par un autre qui viserait plutôt à diriger l'aide vers les ménages à faible revenu», écrivent les économistes Don Drummond et Pascal Gauthier, dans Le point sur l'économie québécoise, publié hier.

Ce document est en fait une mise à jour d'une étude publiée il y a deux ans. Depuis, notent les auteurs, le Québec a su faire preuve d'une «résilience relative» dans l'actuelle récession, même si les pertes d'emplois devraient se poursuivre jusqu'au début de 2010, souligne M. Drummond.

Selon eux, trois facteurs ont joué en faveur du Québec pendant ce ralentissement: le programme d'infrastructures qui était déjà en place au début de la récession; les prix des maisons qui ne se sont pas effondrés; et la diversification de l'économie. «Le Québec n'a pas les autos», précise l'économiste en chef de l'institution torontoise.

Des défis

Si les derniers mois ont été plus faciles ici que dans le reste du Canada, cela ne doit pas faire oublier, expliquent les auteurs, les défis importants qui attendent le Québec à moyen et long termes. Se basant sur les dernières prévisions démographiques, ils concluent que le plus grand nombre de naissances ne sera pas suffisant pour permettre au Québec de combler son désavantage par rapport au reste du Canada et aux États-Unis.

«Le vieillissement des baby-boomers, l'augmentation de l'âge médian et la diminution des taux de participation dans les cohortes plus âgées au Québec, comparativement aux autres régions du pays, demeureront des vents contraires importants auxquels la province sera confrontée au cours des 25 prochaines années.»

La productivité des entreprises est un autre de ces «vents contraires» que doit affronter l'économie québécoise. «D'importants risques de baisse de la productivité persistent malgré le bilan pourtant lamentable de la dernière décennie à ce chapitre», écrivent-ils. Parmi ces risques: la remontée du dollar canadien et celle des prix de l'énergie.

Ces deux défis que représentent la démographie et la faible productivité étaient déjà présents lors de leur dernière étude du Québec, en 2007. Depuis, l'état des finances publiques s'est détérioré. «Certains sacrifices devront être faits», écrivent donc les économistes, afin de redonner un peu d'air aux finances publiques québécoises.

Ou, en d'autres termes, «la province ne dispose pas des outils nécessaires pour assainir de manière considérable son climat macroéconomique et devra d'abord démontrer qu'elle est en mesure de stabiliser son ratio de la dette au PIB».

Celui-ci dépassera les 50% en 2013-2014. M. Drummond, qui a été fonctionnaire fédéral pendant la crise des finances publiques fédérales, refuse de parler de crise pour le Québec, «mais c'est une situation grave», précise-t-il.