Disney (DIS) s'est payé la plus grosse troupe de superhéros de la planète, hier, en avalant Marvel Entertainment (MVL) pour 4 milliards US. Et si les fans de l'Incroyable Hulk et des X-Men froncent les sourcils en voyant leurs durs à cuire rejoindre Cendrillon, certaines entreprises québécoises, elles, disent voir de nouveaux potentiels d'affaires dans cette nouvelle.

Disney a payé le gros prix pour acquérir les 5000 personnages du catalogue de Marvel, une icône de la bande dessinée qui existe depuis 1939.

Le géant californien offre 30$US et 0,745 action de Disney pour chaque action de Marvel, pour une valeur totale d'environ 50$US l'action. Il s'agit d'une prime de 29% pour les actionnaires de Marvel, soit un bonus beaucoup plus généreux que celui payé par Disney pour Pixar il y a trois ans.

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«Nous voyons une grande occasion de faire grandir la marque Marvel», a dit Bob Iger, le grand patron de Disney, au cours d'une téléconférence où les analystes financiers ont prononcé le nom «Iron Man» aussi souvent que l'expression «retour sur l'investissement».

L'idée de la transaction est simple: faire fructifier le riche catalogue de Marvel en l'envoyant dans l'immense machine de distribution et de marketing de Disney, la plus grosse entreprise médiatique du monde.

Les héros Marvel voyageront vers de nouveaux marchés et seront déclinés sur de multiples plateformes, des DVD au cinéma en passant par les jeux vidéo, les parcs d'attractions et les jouets dérivés.

«Le but n'est pas de transformer la marque de Marvel, mais de braquer des projecteurs encore plus brillants sur Marvel», a spécifié M. Iger.

L'action de Marvel a bondi de 9,72$US ou 25,2%, hier, pour clôturer à 48,37$US. Peut-être échaudés par le prix déboursé ou par la dilution de leurs actions, les actionnaires de Disney ont fait chuter le titre de Disney de 80centsUS ou 3% pour l'amener à 26,04$US.

Les dirigeants ont insisté hier sur le fait que la transaction n'est pas motivée par des situations difficiles. Marvel a bien enregistré une baisse de 39% de ses profits au dernier trimestre, mais son titre a tout de même gagné 26% depuis le début de l'année (contre 12,2% pour Disney).

Impact au Québec

La transaction a été bien accueillie au Québec, où une pléiade d'entreprises travaille avec l'un ou l'autre des géants de l'animation.

Toon Boom, par exemple, conçoit des outils technologiques utilisés par Disney pour ses séries télévisées et ses longs métrages. L'entreprise dit avoir plus de difficulté à faire des affaires avec Marvel, qui fait davantage de sous-traitance en Asie.

«Étant donné que l'historique est très bon avec Disney, ça pourrait être intéressant d'étendre ça aux opérations de Marvel. La transaction nous offre des occasions - c'est ce que ça laisse présager, en tout cas», dit Karina Bessoudo, vice-présidente, marketing et communications.

Même son de cloche chez Sarbakan, un studio de Québec qui conçoit des jeux vidéo mettant en vedette des personnages de Disney.

«Disney va maintenant avoir accès à un grand portefeuille de nouvelles propriétés intellectuelles. Pour ceux qui font affaire avec eux, ça peut représenter des ventes intéressantes. Quand Disney a acheté Pixar il y a quelques années, on s'est retrouvé avec des produits supplémentaires sur lesquels on pouvait travailler», dit Pascal Tessier-Fleury, vice-président aux opérations.

Mega Brands, qui fabrique des jouets à l'effigie d'Iron Man et d'autres personnages de Marvel, ne s'inquiète pas de voir son partenaire tomber dans le giron de Disney. «Nous avons un contrat ferme de partenariat jusqu'en 2011. Nous ne voyons pas cela comme une menace, mais comme une occasion de négocier un partenariat stratégique avec Disney», a dit la porte-parole Carine Sroujian.