Le Prix Nobel d'économie américain, Joseph Stiglitz, juge que le monde sera «tout juste» remis de la crise dans «quatre ans» et estime que la timide amélioration de la conjoncture n'est qu'une «illusion».

«Dans quatre ans, on se sera tout juste remis (de la crise économique). Mais on restera sous le niveau qu'on aurait atteint si on avait poursuivi une voie stable plutôt que la voie de la spéculation», déclare M. Stiglitz dans un entretien au magazine Challenges à paraître jeudi.

«L'économie mondiale reste fondamentale faible», dit-il.

Selon lui, la brutale résorption des stocks des entreprises provoquée par la crise s'atténue, «ce qui donne l'illusion d'une amélioration» de la conjoncture, mais la crise n'est pas finie. «En fait, nous revenons à une récession normale», poursuit-il.

L'ancien conseiller économique de Bill Clinton à la Maison-Blanche récuse l'idée que le retour de la croissance dans certains pays (Japon, France, Allemagne...) signerait la fin de la récession.

«C'est faux. Pour la plupart des gens, il y a récession quand le taux de chômage est élevé et qu'il est difficile de trouver un emploi. Pour les entreprises, il y a récession tant qu'elles ont des capacités excédentaires», explique le lauréat du Prix Nobel d'économie 2001.

Près d'un an après la faillite de Lehman Brothers, M. Stiglitz appelle par ailleurs à démanteler les grandes banques «afin qu'elles ne puissent faire vaciller l'économie à la moindre erreur» et à renforcer leur transparence.

«On laisse les banques changer leurs normes comptables pour ne pas afficher des pertes», estime M. Stiglitz qui déplore par ailleurs que les récents profits des établissements financiers soient notamment liés aux «activités des salles de marché, c'est-à-dire à la spéculation».