«La reprise a commencé» au niveau mondial, mais le redressement de l'économie «ne sera pas simple» car la crise laisse des «cicatrices profondes» pour plusieurs années, écrit l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, dans un article à paraître, transmis mardi à la presse.

«La reprise a commencé. Pour la soutenir, des rééquilibrages seront nécessaires, tant à l'intérieur des pays qu'entre les pays», écrit M. Blanchard, dans cet article intitulé «Soutenir une reprise mondiale» à paraître dans l'édition de septembre de la revue Finance and Development (Finance et Développement).

«Dans les récessions normales, aussi destructives soient-elles pour les entreprises et l'emploi, les choses se redressent de manière prévisible», mais «la récession mondiale actuelle est loin d'être normale», note M. Blanchard, conseiller économique du Fonds monétaire international et directeur du département des études de cette institution internationale.

«Le monde n'est pas dans un récession banale. Le redressement ne sera pas simple. La crise a laissé des cicatrices profondes qui auront des conséquences tout à la fois sur l'offre et la demande pendant plusieurs années», ajoute-t-il.

Aux États-Unis notamment, écrit M. Blanchard, notant que ce pays, «à l'origine de la crise», sera «au centre de toute reprise mondiale».

Prenant acte de la baisse de la consommation des ménages américains, «qui représente 70% de la demande aux États-Unis» et de la montée de leur taux d'épargne à un niveau où il devrait rester encore un certain temps, M. Blanchard estime que «3% de la demande globale américaine devra provenir d'autre part» que des ménages.

Comme il est peu probable que cela provienne de l'investissement, et que la relance budgétaire ne pourra pas être maintenue éternellement, «les exportations nettes des États-Unis doivent augmenter» pour combler le manque à gagner provenant de la baisse de la consommation, écrit-il.

La clef de l'équation se trouverait alors essentiellement dans les pays d'Asie «avec de forts excédents des comptes courants», et en particulier en Chine.

«Du point de vue des États-Unis, une baisse de l'excédent des comptes courants chinois aiderait à augmenter la demande et soutenir la reprise aux États-Unis», dont la conséquence serait une hausse des importations américaines, qui aiderait à soutenir la reprise mondiale», estime M. Blanchard.

La Chine pourrait vouloir jouer le jeu, car ce rééquilibrage «pourrait bien être dans son propre intérêt» en lui permettant de remodeler son modèle de croissance, estime le responsable du FMI, notant que pour les autres économies émergentes d'Asie, les «incitations» à jouer le jeu des États-Unis «sont moins fortes que pour» les Chinois.