Le ministre allemand de l'Économie, Karl-Theodor zu Guttenberg, était critiqué mercredi par la gauche allemande, qui l'accuse d'avoir «sous-traité» à un cabinet d'avocats privé la rédaction d'un projet de loi sur les faillites bancaires.

«Il est irresponsable de confier cette tâche à un cabinet d'avocats d'affaires plutôt que d'utiliser les compétences au sein du gouvernement», a ainsi déclaré la ministre social-démocrate de la Justice, Brigitte Zypries, citée par le quotidien Berliner Zeitung, en parlant de «gaspillage de l'argent public».

La ministre reproche à son collègue conservateur de n'avoir pas respecté les règles au sein du gouvernement de grande coalition dirigé par Angela Merkel, lesquelles prévoient que le ministère de la Justice soit mis à contribution lorsqu'il s'agit en particulier de travailler sur le droit des faillites.

Les Verts, parti d'opposition, veulent savoir combien M. zu Guttenberg a déboursé pour s'assurer les services du cabinet privé, tandis que le parti de gauche radicale Die Linke estime, par la voix du député Wolfgang Neskovic, que le Ministère a signé «un aveu de capitulation» en ne rédigeant pas le texte lui-même.

Un porte-parole du ministère de l'Économie, cité par la Berliner Zeitung, a assuré que le cabinet «Linklaters n'avait participé qu'à la mise en application de nos propres décisions internes». Mais selon la presse allemande, le tampon du cabinet aurait figuré de manière bien visible sur toutes les pages du texte du projet de loi.

C'est «de la pure folie de penser qu'un projet (de loi ndlr) soit entièrement rédigé par le cabinet» d'avocat, a réagi un porte-parole du ministère de l'Économie lors d'une conférence de presse régulière.

Son Ministère et celui de la Justice avaient été chargés de rédiger ce texte, mais il est rapidement apparu qu'ils ne parviendraient pas à faire une proposition commune, a-t-il ajouté.

Il a indiqué par ailleurs ne pas être en mesure de dire actuellement combien le cabinet a été rémunéré.

La chancelière Angela Merkel «ne voit pas de motif à des critiques», a précisé son porte-parole, Ulrich Wilhelm, qui a fait valoir que le recours à l'expertise de cabinets privés par des gouvernements n'est pas une particularité allemande.

Ce texte propose de mettre des banques au bord de la faillite sous administration forcée de l'autorité de régulation financière allemande (BaFin).