L'optimisme était à la hausse dans le merveilleux monde des affaires au deuxième trimestre, mais les entreprises hésitaient encore à investir.

Du premier au deuxième trimestre, l'indice de confiance des entreprises du Conference Board du Canada a bondi de 10 points. Il se situe maintenant au même niveau qu'au printemps 2008, alors que peu de gens s'attendaient à la faillite de Lehman Brothers, qui a déclenché la première récession mondiale synchronisée.

Fait des plus encourageants, pour la première fois en plus de trois ans, davantage de répondants s'attendaient à une amélioration du contexte économique qu'à sa dégradation.

Pour la première fois en un an aussi, les répondants qui s'attendaient à une bonification de leurs résultats financiers étaient plus nombreux que ceux qui craignaient leur détérioration.

Seule ombre à ce tableau plutôt lumineux, plus du tiers des répondants étaient d'avis que leur entreprise fonctionnait en deçà de ses capacités, un phénomène qui n'avait pas été observé depuis la récession de 1991.

Ce constat paraît concorder avec les perspectives révisées d'investissements publics et privés de Statistique Canada.

En construction non résidentielle, matériel et outillage, les investissements devraient totaliser 227,9 milliards cette année, soit près de 10 milliards de moins que ce que révélait l'enquête précédente, menée de décembre à janvier auprès de 28 000 entreprises et administrations publiques. Celle dévoilée hier a été réalisée au cours des mois de mai et juin auprès de 7400 entreprises, ce qui reste un échantillon considérable.

À hauteur de 227 milliards, la valeur des investissements représente un repli de 10,4% du sommet atteint en 2008.

Certains secteurs sont particulièrement touchés, comme l'extraction de ressources naturelles (-32,9%), la fabrication (-20,4%), la finance et les assurances (-24,1%).

Quelques autres progressent, à commencer, sans surprise, par les administrations publiques (14,8%). À hauteur de 41 milliards, l'effort des gouvernements égalera cette année la mise des sociétés minières et énergétiques. À ce coup de fouet, il faut ajouter la contribution accrue de 3,5% des services publics (eau, électricité).

Recul au Québec

À l'échelle provinciale, les investissements pressentis au Québec reculeront de 9,5% malgré les programmes du gouvernement. Les entreprises prévoient diminuer de 23,2% leurs dépenses en matériel et outillage.

Par le passé, des différences importantes ont parfois apparu entre les intentions d'investir et les investissements réels, selon les aléas de la conjoncture économique.

Le climat est en train de changer durant l'été. L'idée voulant que la récession ait somme toute été moins grave que celles de 1981 et de 1990 fait son chemin.

La Financière Banque Nationale estime même que l'économie aura reculé au deuxième trimestre moins que les 3,5% en rythme annualisé estimés par la Banque du Canada. En conséquence, elle pourrait bientôt de nouveau fonctionner à pleine capacité, d'autant plus que bien des usines ont fermé définitivement. «Notre hypothèse est que la récession est plus sectorielle que celles de 1982 et 1990», affirme Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint de la Banque du Canada. Il rappelle que, au printemps, le Canada a créé 60 000 emplois dans le secteur des services dont la production a reculé un seul trimestre jusqu'ici.

Milan Mulraine, prévisionniste à TD Valeurs mobilières, souligne pour sa part que le recul de l'activité économique s'élevait à 2,3% au premier trimestre et devrait avoir atteint 2,9% au deuxième. C'est beaucoup moins que les replis de 4,9% de 1981 et de 3,4% en 1990.

Le chômage devrait par conséquent moins s'étendre.