Les dirigeants politiques canadiens risquent de rater une occasion en or de démontrer leur engagement envers l'économie canadienne s'ils demeurent passifs alors que Research In Motion, fabricant canadien du BlackBerry, demande de l'aide pour pouvoir participer à l'appel d'offres pour les actifs sans fil de Nortel, indiquaient hier des observateurs de l'industrie.

«Il s'agit d'une occasion qui s'offre à Industrie Canada de réagir et d'établir le leadership du Canada dans un secteur où nous avons traditionnellement été en tête dans le monde en matière d'innovation et de création de marché», a fait valoir Carmi Levy, analyste de l'industrie des télécommunications à AR Communications. «Demeurer passif et ne rien faire pendant qu'un prétendant canadien se manifeste et qu'il est prêt à signer un gros chèque serait l'équivalent pour le gouvernement canadien de fuir ses responsabilités envers le peuple canadien», a-t-il ajouté.

«De la pression politique s'exerce même si nous conservons les emplois et l'innovation, et il y a un certain prestige à l'échelle mondiale dans le fait d'avoir son siège social au Canada», observe pour sa part Duncan Stewart, directeur de l'analyse à DSam Consulting.

Hier, le titre de Research In Motion (RIM) a dégringolé au moment où fabricant du BlackBerry manifestait son intérêt pour acquérir des actifs de la filiale sans fil de Nortel Networks. Toutefois, RIM soutient qu'il est empêché de présenter une offre. L'action de l'entreprise a baissé de 1,19$, à 81,99$, à la Bourse de Toronto. L'heure limite pour présenter des offres pour des actifs de Nortel selon un processus supervisé par le tribunal était à 1h hier.

Question de sécurité

Dans un bref communiqué publié tard lundi, RIM appelle Ottawa à revoir le processus d'offres pour les activités sans fil de Nortel. Elle soutient que qu'elle a été écartée injustement à cause de son souhait d'acheter aussi d'autres actifs de Nortel.

L'entreprise de Waterloo, en Ontario, estime qu'il pourrait y avoir des implications quant à la sécurité nationale si la technologie de Nortel devait passer à des mains étrangères, ajoutant que le gouvernement fédéral devrait revoir la situation.

«RIM s'est fait dire qu'il pourrait participer à l'appel d'offres uniquement s'il promettait de ne pas soumettre d'offres pour d'autres actifs de Nortel pendant une période d'un an», a indiqué Research In Motion.

Tony Clement, ministre fédéral de l'Industrie, a réagi en précisant qu'il souhaite que le secteur privé décide lui-même de l'issue de la situation. «Je suis au courant des discussions entre Nortel et RIM, a indiqué M. Clement dans un communiqué. Mes responsables et moi-même suivons la situation de près. Étant donné que Nortel est sous la protection du tribunal en vertu de la loi sur les faillites, le gouvernement du Canada n'a pas son mot à dire quant à la manière dont le juge décide du jugement à rendre en ce qui concerne toute vente proposée d'actifs de Nortel.»