Le président de la Réserve fédérale des Etats-Unis, Ben Bernanke, a été contraint mardi de vigoureusement défendre l'indépendance de la banque centrale, attaquée par des parlementaires qui voudraient pouvoir examiner ses décisions de politique monétaire.

Ces parlementaires militent pour que la Cour des comptes américaine (GAO) puisse, saisie par le Congrès, donner un avis sur ces décisions.

A l'occasion d'une audition devant la Chambre des représentants, la charge la plus violente contre M. Bernanke est venue de l'auteur de la proposition de loi en ce sens, le Républicain Ron Paul (Texas, sud), un «libertaire de droite» qui veut purement et simplement supprimer la banque centrale.

Il a accusé M. Bernanke d'être «politisé» et de maintenir des taux d'intérêt «artificiellement bas» sous le coup de «pressions».

M. Paul a expliqué qu'il avait des précédents historiques «bien étayés» de présidents de la Fed «sur le point d'être renommés» qui étaient influencés par leur proximité avec le président des Etats-Unis. Il faisait ainsi allusion à l'échéance prochaine du mandat de M. Bernanke qui se termine en janvier.

M. Bernanke a plaidé de son côté contre les «interférences» qui viendraient perturber la politique monétaire.

«Si nous devions relever les taux d'intérêt lors d'une réunion, et que quelqu'un au Congrès n'aimait pas ça et disait: je veux que le GAO fasse un audit de cette décision, est-ce que ça ne serait pas vu comme une interférence?», a-t-il demandé.

Dans ses remarques préliminaires, il avait affirmé que tout «effort pour essayer d'influencer les décisions de politique monétaire» provoquerait «des craintes quant à une inflation future, provoquant une hausse des taux d'intérêt de long terme et une stabilité économique et financière réduite».

La semaine dernière, près de 180 économistes, universitaires pour la plupart, avaient publié une lettre ouverte demandant au Congrès de garantir l'indépendance de la banque centrale américaine.

«Il est prouvé que l'indépendance de la banque centrale est essentielle pour contrôler l'inflation», écrivaient les signataires de cette «lettre ouverte au Congrès et à l'exécutif» publiée dans le Wall Street Journal.

«Si la Fed se voit confier de nouvelles responsabilités, il faut tout faire pour éviter que ne soit compromise sa capacité à mener la politique monétaire qu'elle juge appropriée», ajoutait le texte, signé notamment par trois lauréats du prix Nobel d'économie, Daniel McFadden, Eric Maskin et Robert Merton, et deux anciens gouverneurs de la Fed, Laurence Meyer and Frederic Mishkin.