L'inflation annuelle a reculé en territoire négatif au Canada le mois dernier, une première en près de 15 ans.  

Cette incidence plutôt rare était largement attendue en raison de la chute prononcée des prix de l'essence par rapport à leur niveau record atteint l'an dernier.Mais les économistes notent que le recul de 0,3 point de pourcentage de l'indice des prix à la consommation entre juin 2008 et juin 2009 ne signale pas le début d'une dangereuse période de déflation, puisqu'il est peu probable que cela se poursuive pendant plus de quelques mois.

Les consommateurs ont déboursé 24,3 pour cent de moins pour faire le plein en juin qu'au même mois l'an dernier, alors que l'essence se vendait en moyenne 135,1 cents le litre. Le prix moyen du litre d'essence le mois dernier était de 101,6 cents.

«La manchette sur l'inflation annuelle sera négative pendant quelques mois, mais on ne peut pas appeler cela de la déflation, pas si c'est lié si intimement à un seul prix», a estimé l'économiste en chef de la Banque CIBC, Avery Shenfeld.

«Si on retire la volatilité de l'essence, l'inflation devient subitement très stable, puisque l'indice des prix à la consommation - dépouillé de sa composante énergétique - est à 2,1 pour cent par rapport à l'année dernière.»

L'inflation de base telle que calculée par la Banque du Canada - qui exclut les prix des éléments les plus volatils, comme l'énergie et les fruits frais -, s'est établie à 1,9 pour cent en juin, près de la cible de deux pour cent préconisée par la banque centrale.

Les prix à la consommation affichent généralement des hausses sur une base mensuelle, une autre indication que l'économie n'est pas en voie de se retrouver dans une spirale déflationniste.

Dans l'ensemble, les prix ont grimpé de 0,3 pour cent le mois dernier par rapport au mois de mai. Même le prix de l'essence était 8,6 pour cent plus élevé en juin qu'en mai.

Les économistes s'attendent à ce que l'inflation annuelle chute encore davantage pour le mois en cours, puisque c'est en juillet, l'an dernier, que les prix de l'essence ont touché leur sommet, à 136,6 cents le litre. Or, jusqu'à maintenant cette année, les prix de l'essence ont reculé en juillet par rapport au mois dernier.

Mais à moins qu'il ne se produise quelque chose d'extraordinaire, l'inflation devrait repartir à la hausse plus tard cet automne, puisque les prix de l'essence sont en voie d'être plus élevés cette année qu'aux périodes correspondantes l'année dernière. L'essence avait atteint en moyenne 76,5 cents le litre en décembre 2008.

Les économistes s'attendent tous à ce que rien, dans les données publiées vendredi par Statistique Canada, ne pousse la Banque du Canada à modifier son taux d'intérêt directeur lors de sa prochaine décision à ce sujet, prévue mardi prochain.

Le taux directeur de la banque centrale est actuellement de 0,25 pour cent, et chose inhabituelle, la banque a indiqué en avril qu'elle ne prévoyait pas le faire grimper avant environ un an compte tenu des circonstances économiques.

Dans l'ensemble, seulement trois des huit composantes principales de l'indice des prix à la consommation ont retraité en territoire négatif le mois dernier - soit le logement, l'habillement et le transport, qui comprend le prix de l'essence.

Malgré le ralentissement observé depuis le mois de mars, l'augmentation des prix des aliments a continué d'être le principal facteur exerçant des pressions à la hausse sur les prix à la consommation. Au cours de la période de 12 mois terminée en juin, ceux-ci ont augmenté de 5,5 pour cent, comparativement à la hausse de 6,4 pour cent affichée en mai et à celle de 7,1 pour cent observée en avril.

L'inflation annuelle a diminué dans quatre provinces, soit à l'Ile-du-Prince-Edouard, en Nouvelle-Ecosse, en Alberta et en Colombie-Britannique. Les prix à la consommation n'ont affiché aucun changement en Ontario, tandis qu'ils ont augmenté de 0,2 pour cent au Québec. Au Nouveau-Brunswick, l'indice des prix à la consommation est resté inchangé.