Le groupe informatique américain Microsoft (MSFTX) a annoncé lundi que la version 2010 des logiciels de bureautique de sa gamme grand public «Office» permettrait une utilisation en ligne, ce qu'autorisent déjà les modules concurrents de Google (GOOG) .

Les applications web d'Office seront des versions allégées des logiciels Word, PowerPoint, Excel et OneNote, qui permettront à leurs usagers de collaborer entre eux et en même temps sur un même document via Internet, a indiqué le groupe lors de l'inauguration d'un forum professionnel à La Nouvelle-Orléans (sud des États-Unis).

Ces applications permettront également d'accéder à un document à distance, de le modifier et de le mémoriser en ligne. Elles amélioreront par ailleurs de façon importante les qualités des photos et vidéos sur les présentations animées PowerPoint.

«Nous voulions être certains avant d'introduire des applications en ligne que nous pourrions le faire de manière satisfaisante pour nos clients et sans sacrifier la qualité», a expliqué à l'AFP Chris Bryant, responsable chez Microsoft des produits Office.

«Nous relevons la barre au niveau des attentes (du public) sur ce que des applications sur l'internet peuvent accomplir et comment elles peuvent être utilisées de manière réellement complémentaire des applications que vous utilisez sur votre ordinateur personnel», a estimé M. Bryant.

La gamme Office nouvelle génération, dont une version presque définitive est actuellement testée par des dizaines de milliers de personnes, doit être lancée sur le marché au premier semestre 2010.

La version actuelle, Office 2007, permettait déjà une collaboration en ligne, mais pas en temps réel.

«Le fait que Microsoft développe tout cela (applications en ligne d'Office), c'est une réponse à Google», estime Matt Rosoff, analyste du cabinet d'études Directions On Microsoft, spécialisé sur le géant informatique de Richmond.

«C'est une évolution qu'ils n'auraient sans doute pas engagée s'ils n'y avaient été contraints, mais la concurrence est dans une telle effervescence qu'ils ont estimé nécessaire de répliquer», poursuit M. Rosoff.

 Google, qui propose déjà des applications de bureautique en ligne gratuites (tableurs, traitements de texte et de photos, etc.), a annoncé la semaine dernière qu'il lancerait l'an prochain son propre système d'exploitation, Chrome OS, une attaque directe contre le Windows de Microsoft qui équipe quelque 90% des ordinateurs dans le monde.

Face au développement par Google d'applications en ligne, Microsoft jusqu'à présent s'était contenté d'ajouter des fonctionnalités internet sur ses logiciels, mais ces derniers restaient exclusivement destinés à être installés sur des ordinateurs personnels.

«Dans le monde selon Google, les logiciels fonctionnent sur Internet, grâce au travail important des serveurs Google. Dans le monde selon Microsoft, les logiciels sont installés sur le disque dur d'un ordinateur, dont ils exploitent mémoire et puissance. (...) Maintenant, Microsoft va combattre Google sur son terrain», explique Douglas McIntyre, analyste du site 24/7 Wall St.

«Microsoft était perçu par beaucoup de membres de la communauté high-tech comme empesé et trop prudent. Il a déjà prouvé le contraire en lançant son moteur de recherche innovant Bing, un concurrent sérieux pour ceux de Google et Yahoo!», rappelle M. McIntyre.

Il y aura cinq versions d'Office 2010, avec des prix différents: une version sera accessible «gratuitement» aux 400 millions d'usagers de son portail internet Windows Live. Cependant, les logiciels resteront plus performants conjugués avec des applications installées sur son ordinateur.

«Si on pouvait avoir accès en ligne à tout Office 2010, pourquoi l'acheter? C'est la raison pour laquelle Microsoft a mis tant de temps avant d'en arriver là», souligne M. Rosoff, qui rappelle que Microsoft passe des contrats très rémunérateurs avec de grosses entreprises pour l'usage d'Office.

Lundi vers 10h30, le titre de Microsoft évoluait en légère hausse, de 0,63% à 22,54 dollars à la Bourse de New York.