Le Fonds monétaire international a troqué son ton alarmiste des derniers mois contre un optimisme imprégné de grande prudence.

La récession mondiale a frappé plus brutalement que prévu au premier trimestre, ce qui amène l'organisme établi à Washington à porter de 1,3% à 1,4% son pronostic de décroissance de l'économie cette année.

En revanche, bien des indicateurs laissent penser que l'économie se stabilise, ce qui amène le FMI à augmenter de six dixièmes à 2,5% sa prévision de croissance pour l'an prochain.

Toutefois «le groupe des pays avancés ne devrait pas connaître de reprise soutenue de l'activité économique avant le second semestre de 2010», lit-on dans la Mise à jour de ses Perspectives d'avril publiée hier. Le Canada fait cependant figure d'heureuse exception dans le jet-set des nations nanties, mais éclopées par la crise actuelle.

En fait, l'économie planétaire est mue par des forces opposées en quête d'équilibre. L'effet de freinage exercé par le choc financier, la baisse prononcée du commerce mondial, l'incertitude et l'effondrement de la confiance s'estompent, mais les forces susceptibles d'activer la relance restent faibles.

Ainsi, s'il est vrai que les prix des produits de base se sont raffermis, la demande réelle ne comble pas encore les capacités de production excédentaires. Une rechute reste possible.

La récession n'a pas frappé toutes les régions avec la même ampleur et les problèmes vécus par les pays développés, émergents ou en développement ne sont pas les mêmes. Ils sortiront donc du marasme présent de manière non synchronisée.

Ainsi, pour les pays les plus riches, le recul de l'activité économique devrait atteindre 3,8% cette année alors que la reprise timide attendue l'an prochain va limiter la croissance à 0,6% seulement.

Du groupe, l'Italie et le Japon paraissent les plus touchés avec des reculs du produit intérieur brut (PIB) de 5,1% et de 6%. Mince consolation pour le pays du Soleil-Levant, il retrouvera la croissance l'an prochain alors que la zone euro n'aura pas cette chance, à l'exception notable de la France dont le système bancaire est moins fragilisé que ceux d'Allemagne ou d'Espagne.

Les États-Unis, épicentre de la crise actuelle, s'en tirent mieux cette année avec un recul d'activité contenu à 2,6%, alors que la zone euro encaissera une chute d'activité de 4,8%. Le FMI a d'ailleurs atténué sa prévision pour les États-Unis, mais aggravé celle des pays à monnaie unique. «Les données relatives à l'activité ne laissent guère entrevoir de stabilisation, précise le FMI. La hausse du chômage, de même que la forte dépendance de l'économie à l'égard d'un secteur bancaire qui n'a pas encore pansé toutes ses plaies, vont freiner la consommation et l'activité.»

Les perspectives sont moins sombres pour les pays émergents d'Asie au point où le FMI augmente ses prévisions de croissance tant pour cette année que pour l'an prochain à hauteur de 5,5% et 7,0%. La Chine tire encore le peloton, mais l'Inde la chauffera l'an prochain.

Les deux autres pays formant le bloc BRIC n'ont pas la même veine. La Russie a été brutalement frappée par l'effondrement des cours des produits de base et du pétrole qui entraîne un amincissement forcé de 6,5% de la taille de son économie, cette année. La convalescence sera lente puisque la croissance sera contenue à 1,5% l'an prochain. Le Brésil s'en tire mieux avec un repli d'activité de 1,3% cette année suivi d'un rebond de 2,5% en 2010.

Le FMI réitère sans surprise que les perspectives d'inflation restent faibles. Il écarte toutefois les risques de déflation à cause d'une appréciation des prix des produits de base.

Les programmes gouvernementaux de stimuli économiques demeurent cruciaux car ils sont responsables de la stabilisation de la décroissance.

Il faudra trouver moyen d'y mettre fin dès que la demande privée pourra prendre le relais. De grands défis attendent les élus des économies avancées aux prises avec le vieillissement de la population alors qu'ils feront face à l'endettement accru de l'État.

Le FMI suggère de relever l'âge de la retraite «en cohérence avec l'espérance de vie».