Les pays du G8 ont promis mercredi de réfléchir à des «stratégies de sortie» de leurs politiques de relance budgétaire, une formulation prudente qui cache de profondes divergences.

«Certains pays pensent qu'il est encore trop tôt pour parler de stratégies de sortie quelles qu'elles soient», a fait savoir Andreï Bokarev, haut responsable du ministère des Finances russe, en marge du sommet de l'Aquila, au centre de l'Italie.

«De notre point de vue, il est temps maintenant de développer de telles stratégies, a-t-il encore dit, ajoutant: Cela n'a aucun sens de vouloir masquer les divergences.»

Ces divergences apparaissent en filigrane dans la déclaration finale signée par l'Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, le Japon et la Russie.

«Nous sommes convenus qu'il était nécessaire de préparer les stratégies pertinentes pour réduire progressivement les programmes exceptionnels adoptés en réponse à la crise dès que la reprise sera assurée», écrivent d'un côté les huit puissances.

Mais de l'autre côté, les États veulent pouvoir «continuer de fournir des incitations macro-économiques compatibles avec la stabilité des prix et la viabilité budgétaire à moyen terme.»

Certains pays, représentés par la Russie et aussi par l'Allemagne, pressent de revenir le plus vite possible à une certaine discipline budgétaire, sous peine de faire flamber l'inflation.

Le Japon a rejoint leurs rangs: «Nous sommes tombés d'accord sur la nécessité d'appliquer des stratégies appropriées pour défaire les mesures politiques exceptionnelles prises pour résoudre la crise», a dit Kazuo Kodama, porte-parole du premier ministre japonais Taro Aso.

D'autres pays, emmenés par les États-Unis, insistent au contraire sur la nécessité de soutenir encore une conjoncture chancelante.

Chacun des deux camps aura trouvé mercredi de quoi soutenir ses arguments dans la mise à jour par le Fonds monétaire international (FMI) de ses perspectives pour l'économie mondiale.

Le Fonds a revu en hausse de 0,6 point sa prévision de croissance pour l'économie mondiale en 2010, à 2,5%. «Mais la stabilisation est inégale et la reprise sera probablement timide», écrit aussi le FMI, qui a justement été chargé par le G8 de plancher sur les «stratégies de sortie» possibles.

Loin de sortir de la relance, les États-Unis pourraient s'apprêter à lancer un nouveau plan de grands travaux ce qui déplait à Wall Street, de plus en plus inquiète du creusement des déficits budgétaires.

Le scénario a depuis été démenti par un responsable de la Maison-Blanche, alors que les États-Unis ont déjà mis près de 800 milliards de dollars sur la table pour soutenir la conjoncture.

Face aux divergences, «il faut laisser à chaque pays le soin de définir sa politique budgétaire», plaide Andreas Rees, économiste de la banque Unicredit, interrogé par l'AFP.

«L'Allemagne a dépensé l'équivalent de 2,5% de son produit intérieur brut en plans de relance, mais les États-Unis en sont déjà à 7%. Comment comparer?» s'interroge-t-il.

«Les États-Unis veulent que l'Europe en fasse plus (en matière de relance), et l'Europe que les États-Unis en fassent moins», résume Julian Callow, économiste de Barclays Capital.

«Un durcissement prématuré des politiques budgétaire et monétaire serait le pire scénario» pour l'économie mondiale, assure Nariman Behravesh, chef économiste de IHS Global Insight.