Le regretté Roi de la pop aurait facilement effacé une partie de sa dette personnelle dès le 13 juillet prochain, date du premier des 50 concerts à guichets fermés qu'il devait donner à Londres.

Le magazine américain Billboard estime que le revenu total de cette série de 50 concerts, que devait présenter Michael Jackson, aurait atteint 50 millions US. Ce montant faramineux ne fait pas exception: les artistes immensément populaires de la planète pop - Madonna et U2, pour n'en citer que deux - engrangent tous des dizaines de millions de dollars grâce à leurs performances scéniques.

La prolifération des téléchargements illégaux, mêlée à la chute des ventes de disques (30% durant les 10 dernières années), fait du domaine du spectacle le plus lucratif des domaines de l'industrie musicale.

De fait, le prix des billets pour les gros spectacles a doublé durant la dernière décennie, inversant rapidement la tendance passée où l'artiste performait live afin de promouvoir son album et ainsi générer des profits.

Récemment interviewé lors d'un passage à Cannes, Steven Van Zandt, guitariste et membre fondateur du E-Street Band de Bruce Springsteen, accréditait la tendance actuelle. Selon lui, non seulement les spectacles se vendent-ils mieux maintenant que les albums, mais la scène serait devenue pour les musiciens une véritable vitrine, un accès vers une seconde carrière - au cinéma ou à la télévision par exemple.

Van Zandt, qui personnifie également Sylvio dans la série dramatique américaine The Sopranos, estime que les concerts avec Springsteen et le E-Street Band équivalent aujourd'hui à 95% de ses revenus, comparativement à 75% il y a 20 ans. Selon la publication Pollstar, qui s'intéresse à l'industrie de la musique, la tournée 2003 de Springsteen fut la plus lucrative de l'année, générant un total de 116 millions US.

Changement de garde

La Fédération internationale de l'industrie phonographique estime à 21,6 milliards US ses revenus pour l'année 2008, marquant une augmentation de 54% en trois ans. En comparaison, l'industrie du disque enregistre des profits de l'ordre de 18,4 milliards US.

Will Page, économiste en chef de l'agence britannique PRS Music (affectée aux redevances), parle de cette tendance comme d'un changement de garde.

Selon lui, les groupes émergents n'ont pas le choix de délaisser le modèle d'autrefois, où la mise en marché d'un album s'entourait d'un souhait de rentabilité et de profits: la scène est maintenant devenue le principal gagne-pain des groupes musicaux.

Compagnies de disques

Près de 90% des revenus d'un spectacle sont empochés par les artistes. Cette somme couvre les frais occasionnés par la gérance et la production. Afin de trouver leur place au soleil, certaines compagnies de disques tentent de mettre sous contrat les artistes selon une nouvelle formule de contrat appelée «360 deal». La signature d'un tel contrat engage l'artiste à verser une partie de ses revenus de spectacle à sa compagnie de disque, en échange de quoi celle-ci amoindrit les coûts et facilite la production de ses albums. La Warner Music Group estime d'ailleurs qu'en 2006, près de la moitié de ses nouveaux artistes ont paraphé une telle entente.

Cette nouvelle orientation de l'industrie du disque apparaît fort logique, considérant la hausse de 8,4% du prix des billets de spectacles pour l'année 2008 seulement, situant la moyenne à 67,33$US pour les gros spectacles.