Avenues bordées d'arbres, grands édifices de verre, jeunes professionnels qui se baladent avec leur carte d'employé au cou: pénétrer dans la Cité électronique, le parc technologique de la ville de Bangalore, en Inde, c'est oublier un instant toutes les misères et le chaos du pays.

Comme partout où il se brasse des affaires, l'endroit n'a pas été épargné par la crise économique. Mais demandez à Bradiptea Banerjee s'il en subit les conséquences et il ne peut s'empêcher de sourire.

M. Banerjee est directeur des ressources humaines pour l'entreprise montréalaise CGI à Bangalore. Au moment même où plusieurs de ses homologues planchent sur des plans de réduction de personnel, M. Banerjee, lui, n'a jamais été aussi occupé... par les embauches.

«Depuis quatre ou cinq ans, on grossit de 35 à 40% par année, dit M. Banerjee. Et cette année, on prévoit encore grossir de 35 à 40%.»

Le secret d'une croissance aussi spectaculaire en pleine crise économique? M. Banerjee l'explique de deux façons. D'abord, de l'avis même des analystes, CGI résiste plutôt bien au ralentissement mondial. Au deuxième trimestre de l'année, l'entreprise a dévoilé des profits en hausse de 12,7%.

«CGI gagne de nouveaux contrats, et une partie de ce travail se fait en Inde», explique M. Banerjee.

Mais la crise joue aussi en faveur des bureaux indiens. CGI, qui s'occupe de gérer les technologies de l'information et les processus d'affaires des autres entreprises et des gouvernements, subit de la pression de la part de ses clients, qui veulent diminuer leurs coûts en période difficile. L'entreprise a réagi en augmentant la proportion de ses activités réalisées en Inde, question d'abaisser ses coûts d'exploitation.

En fait, on pourrait dire que CGI est un peu en mode «rattrapage» quant à ses activités indiennes.

«CGI compte moins de 10% des ses employés en Inde, explique M. Banerjee. Si vous regardez des grandes multinationales comme IBM ou Accenture, la proportion du travail imparti en Inde est dans les environs de 25 à 30%.»

L'entreprise explique que le ratio est maintenant appelé à s'approcher de ceux des autres entreprises. «Une certaine proportion du travail qui se fait en Amérique du Nord et en Europe peut être poussée en Inde, dit M. Banerjee. Et c'est en train de se produire au moment où on se parle.»

L'avantage est évident: un ingénieur fraîchement sorti de l'école gagne environ 6000$US par année en Inde, environ 10 fois moins qu'en Amérique du Nord.

Dans les bureaux de CGI à Bangalore, ils sont une armée de jeunes en chemise à plancher devant les écrans plats de leurs ordinateurs. Seules quelques filles se détachent du lot. Dehors, sur la terrasse, un petit groupe pousse des exclamations, absorbé par une partie de soccer sur table.

Même si l'Inde est de plus en plus utilisée comme centre d'excellence en recherche et développement, ce sont surtout des techniciens qui seront appelés en renfort au cours des prochains mois. CGI a bien bâti un centre de R&D il y a deux ans. Mais ce sont maintenant les activités de gestion des systèmes déjà en place, donc celles qui demandent le moins d'expertise, qui sont aujourd'hui massivement envoyées en Inde par CGI.

Pas étonnant de voir Bradiptea Banerjee sourire. «Chez CGI, la tarte grossit. Et notre portion de la tarte grossit aussi.»