L'équipementier en télécommunication canadien Nortel,(T.NT) placé depuis janvier sous la protection de la justice contre ses créanciers, a annoncé vendredi la vente de la plupart de ses activités «sans fil» à Nokia Siemens Networks pour 650 millions de dollars américains.

Le groupe a aussi indiqué dans un communiqué publié en soirée qu'il était engagé dans des «pourparlers avancés» pour vendre le reste de ses opérations et qu'il demanderait d'être définitivement radié de la cotation à la Bourse de Toronto, ajoutant s'attendre à une suspension du titre dès lundi matin.

Ces annonces laissent présager d'une liquidation pure et simple d'un fleuron plus que centenaire de l'industrie canadienne qui, en termes de capitalisation, pesait pour près du tiers de la Bourse de Toronto au début de l'an 2000.

En faisant part de la vente de ses divisions CDMA et LTE à Nokia, ses plus importantes, Nortel a ajouté qu'«au moins 2.500 employés auraient l'occasion de continuer» à travailler avec le groupe finlandais, soit «une part substantielle des employés dépendant des actifs sur le point d'être vendus».

«Obtenir la valeur maximale pour nos entreprises dans un contexte de consolidation du marché mondial a toujours été notre priorité», a déclaré le président du groupe, Mike Zafirovski.

«Nous avons décidé que la meilleure façon d'y parvenir était de trouver des acheteurs pour nos entreprises qui peuvent poursuivre sur la voie de l'innovation de Nortel, tout en préservant autant que possible les emplois», a ajouté cet ancien numéro 2 de l'américain Motorola.

La valeur des actifs vendus est reconnue dans l'ensemble de l'industrie, a-t-il insisté.

Nortel avait placé en janvier plusieurs de ses filiales dans le monde sous la protection des tribunaux dans un ultime espoir de pouvoir mener à bien sa restructuration à l'abri des créanciers.

Le groupe a toutefois dit s'attendre vendredi à ce que même ses créanciers préférentiels perdent tout de leur investissement après la demande de radiation du titre en Bourse.

Nortel espérait pouvoir préserver son argent comptant pour tenter sa restructuration, mais la crise économique semble finalement avoir eu raison de lui, les espoirs de nouvelles commandes d'opérateurs de télécoms s'étant volatilisés avec la récession mondiale.

Ancienne plus grande société au Canada, Nortel a connu une descente aux enfers avec l'éclatement en Bourse de la bulle technologique au début du millénaire.

Le groupe a aussi passé les dernières années à tenter d'éponger un scandale comptable interne, l'un des plus retentissants de l'histoire du Canada, qui l'a complètement détourné de ses priorités et dont il ne s'est finalement jamais remis.

Le premier fabricant nord-américain d'appareils téléphoniques a additionné plus de 500 millions de dollars de pertes à son bilan dans les trois premiers mois de l'année, après en avoir subi pour près de 6 milliards en 2008.

En février, Nortel, qui comptait 26.000 salariés dans le monde, avait déjà annoncé 3.200 suppressions d'emplois, s'ajoutant aux 1.800 réductions de postes restant à finaliser aux termes des plans déjà annoncés.

Fin mai, la justice française avait prononcé la liquidation de Nortel Networks SA, filiale de Nortel France, qui sera effective fin août en l'absence de repreneur, et devrait déboucher sur la suppression de 480 emplois.