Les employés du quotidien torontois The Globe and Mail se prononceront, samedi, sur le déclenchement d'une grève, dans un climat difficile pour l'ensemble de l'industrie canadienne des médias.

Le vote vise à manifester un appui clair aux négociateurs syndicaux qui se préparent à une autre ronde de pourparlers avec la direction sur une nouvelle convention collective, pour remplacer celle qui vient à échéance le 30 juin, dans une dizaine de jours.

Selon le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP), qui représente les employés du Globe, la direction demande des changements au régime de retraite et au paiement des heures supplémentaires, et exige des employés qu'ils prennent une semaine de vacances non payée par année.

«Au fond, (les représentants de la direction) refusent de négocier», a déclaré le président de la section 87-M du SCEP, Brad Honywill, lors d'un entretien téléphonique.

«Nous espérons que nos membres nous donnerons un mandat fort pour que nous puissions obtenir une entente juste afin que le Globe reste un journal de qualité prospère et en santé.»

L'éditeur et chef de la direction du Globe and Mail, Phillip Crawley, n'était pas disponible pour commenter.

Le Globe and Mail, l'un des plus anciens et des plus influents quotidiens au pays, a été restructuré récemment et a licencié du personnel en vue de s'adapter à la baisse des revenus publicitaires, comme d'autres médias et diffuseurs l'ont fait partout au pays.

Par exemple, le quotidien La Presse a annoncé cette semaine la mort de son édition du dimanche, à la fin de juin, dans le cadre de mesures de réduction des dépenses de 26 millions $, dont 13 millions $ obtenus en concessions des syndicats. La Presse est propriété de Gesca, une entité qui appartient à Power Corporation [[|ticker sym='T.POW'|]].

Aussi, les employés d'un autre quotidien montréalais, Le Journal de Montréal, sont en lock-out depuis janvier.

Par ailleurs, Canwest Global Communications [[|ticker sym='T.CGS'|]], éditeur de nombreux journaux dans de grandes villes du pays, cherche à obtenir des concessions salariales de ses employés et de ses gestionnaires pour épargner 20 millions $ par année en coûts d'exploitation. L'entreprise négocie avec ses créanciers et des banques pour restructurer une dette de 3,9 milliards $.

D'autres médias canadiens, des éditeurs de journaux aux réseaux de télévision, ont aussi réduit leurs effectifs de centaines d'employés pour faire face à la baisse de leurs revenus publicitaires. Canwest et CTVglobemedia ont mis en vente des stations qui ne peuvent plus être rentables dans un tel environnement économique.

Le ralentissement des revenus publicitaires issus des secteurs de l'automobile et de l'immobilier, notamment, ont durement touché l'industrie nord-américaine des médias. Cette crise est attribuable en partie à la récession, mais aussi à de profonds changements vis-à-vis d'internet et de la publication de nouvelles en ligne.

Des dizaines de journaux américains se trouvent actuellement devant des tribunaux de faillite et suppriment des emplois dans l'espoir de survivre.