Les effets de la récession commencent à s'atténuer, estime le premier ministre Stephen Harper, qui continue de croire que le Canada sera le premier pays industrialisé à sortir de la crise économique. 

Comme il s'était engagé à le faire auprès des libéraux de Michael Ignatieff en janvier afin d'obtenir leur appui pour adopter le dernier budget fédéral, M. Harper a fait hier une mise à jour des mesures prises par son gouvernement pour contrer les effets de la récession et relancer l'économie canadienne.

À l'instar de certains organismes internationaux comme l'OCDE ou le Fonds monétaire international, qui prévoient que le Canada tirera mieux que tout autre pays son épingle du jeu, le premier ministre se montre plutôt optimiste au sujet de la reprise économique qui pointerait à l'horizon.

Dans son dernier budget, adopté en mars, le gouvernement Harper a annoncé des dépenses de 40 milliards de dollars pour relancer l'économie au cours des deux prochaines années.

Selon M. Harper, le plan économique commence à donner des résultats encourageants. Tout près de 80% des fonds prévus dans le plan économique ont été engagés, a-t-il soutenu.

Il a aussi affirmé que près de 3000 projets d'infrastructures ont été démarrés d'un bout à l'autre du pays depuis le début de la saison de la construction. Il a donné en exemple les projets de réfection du pont Champlain à Montréal, du pont Alexandra à Ottawa et du pont Lift de Burlington.

Il a aussi cité plusieurs projets lancés de concert avec les provinces au cours des dernières semaines, notamment la construction de deux éoliennes géantes à Summerside, à l'Île-du-Prince-Édouard, qui permettront d'alimenter en électricité le quart de la population de la ville. Ce projet permettra aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

«Les mesures sans précédent que nous avons prises commencent à produire des résultats. Les effets de la récession commencent à s'atténuer. Et les points forts du Canada commencent à être remarqués au-delà de nos frontières. (...) Plus que jamais, nous devons garder le cap», a soutenu le premier ministre.

Au sujet des travailleurs qui perdent leurs emplois, M. Harper a affirmé que la machine gouvernementale a mis le pied sur l'accélérateur pour traiter leur demande de prestations d'assurance-emploi plus rapidement. La moyenne d'attente est d'environ 28 jours pour obtenir un premier chèque, a affirmé le premier ministre. Il a aussi rappelé que les chômeurs peuvent obtenir des prestations pendant cinq semaines de plus cette année.

En outre, 100 000 Canadiens se sont prévalus du programme de partage de travail financé à même le régime d'assurance-emploi depuis le début de l'année.

«Le programme d'assurance emploi n'est pas parfait. Nous envisageons d'y apporter des améliorations à l'automne. Mais ne laissez personne vous dire que le programme ne répond pas aux réalités de la récession que nous vivons», a dit M. Harper.

Durant sa présentation, le premier ministre a rappelé que la crise économique entraînera un déficit considérable en raison de la chute des rentrées des impôts, de l'aide au secteur automobile et de la hausse des coûts des programmes sociaux comme l'assurance-emploi. Le déficit devrait atteindre les 50,2 milliards de dollars. Mais dans son rapport, le gouvernement Harper s'abstient maintenant de dire quand il prévoit éliminer ce déficit. Dans son budget, le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait prédit le retour à l'équilibre budgétaire en 2013.

Cela dit, le bilan financier du Canada demeure le plus étincelant de tous les pays industrialisés, selon M. Harper. Et le premier ministre maintient ce qu'il dit depuis des semaines: le Canada a été le dernier à subir les contrecoups de la crise économique et il sera le premier à en sortir. Selon les prévisions contenues dans le rapport, la croissance devrait reprendre au troisième trimestre de 2009 et s'accélérer au quatrième trimestre pour atteindre 2% et 3% en 2010.

«Comme l'ont constaté tous les autres pays du G20, dans les circonstances actuelles, un déficit est nécessaire. Et notre déficit sera considérable. Mais il est abordable. En fait, comparativement à celui d'autres pays, il est plutôt modeste», a-t-il affirmé.

M. Harper a décidé de faire cette mise à jour à Cambridge, en Ontario, la province la plus durement touchée par la crise économique, notamment à cause de l'effondrement de l'industrie automobile.

Les libéraux de Michael Ignatieff avaient exigé que le gouvernement Harper soumette des rapports tous les trois mois après l'adoption du budget pour expliquer les progrès réalisés pour combattre la récession.

Hier, M. Ignatieff a refusé de dire s'il juge ce rapport d'étape suffisamment acceptable pour que ses troupes appuient le gouvernement Harper la semaine prochaine à l'occasion du vote de confiance sur les crédits budgétaires. L'avenir du gouvernement minoritaire repose entre les mains des libéraux puisque le Bloc québécois et le NPD ont fait savoir qu'ils voteraient contre les crédits, jugeant insuffisantes les mesures du gouvernement pour relancer l'économie.