Les ventes de détail aux États-Unis sont reparties à la hausse en mai après deux mois de baisse, mais elles témoignent toujours d'une certaine faiblesse de la consommation, accréditant un peu plus l'idée que la reprise devrait mettre du temps à s'installer.

Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés jeudi par le département du Commerce, les ventes de détail ont progressé de 0,5% par rapport à avril, ce qui est conforme aux prévisions des analystes.

Mais cette hausse a été tirée par une forte progression des ventes de l'essence à la pompe (+3,6%), résultant pour une bonne part du renchérissement du carburant, l'indice ne tenant pas compte des variations de prix.

L'indicateur a également été soutenu par une progression des ventes de voitures de 0,5%. C'est «une hausse aberrante», estime Brian Bethune, économiste de l'institut IHS Global Insight, vu qu'elle résulte pour le coup de «forts rabais consentis par les constructeurs et les concessionnaires automobiles».

Si l'on exclut les ventes d'essence et d'automobiles, les ventes de détail n'ont progressé que de 0,1%, après un recul de 0,1% le mois précédent. Et six des 13 composantes de l'indicateur ont baissé en mai.

Mais personne n'«attend que les gens commencent à dépenser énormément d'argent», estime l'économiste indépendant Joel Naroff, pour qui cette première hausse des dépenses de consommation en trois mois constitue bien «un signe supplémentaire que la reprise est en train de commencer».

«Nous voyons des signes de stabilisation» de l'économie, a déclaré pour sa part Dennis Lockhart, un des dirigeants de la Réserve fédérale, tout en reconnaissant qu'il avait encore loin de la stabilisation à la reprise.

Il y voit pour preuve la nouvelle baisse des nouvelles inscriptions au chômage -la quatrième en autant de semaines-, mais aussi le mieux enregistré sur le marché du logement, dans l'industrie et en matière de consommation.

Les ventes de détail sont très suivies, car elles donnent une bonne idée de la tendance de la consommation des ménages, qui assure en temps normal plus des deux tiers de la croissance économique aux États-Unis.

Après s'être écroulée au deuxième semestre de 2008, la consommation s'est reprise au cours des trois premiers mois de l'année, progressant de 1,5% en rythme annuel.

Mais plusieurs analystes estiment que la consommation risque d'évoluer en dents de scie au cours des mois à venir, alors que les ménages réapprennent à mettre de l'argent de côté devant la montée du chômage: leur taux d'épargne a bondi à leur plus haut niveau depuis 14 ans.

Les autorités américaines escomptent que les États-Unis renouent avec la croissance d'ici la fin de l'année. Elles ont néanmoins prévenu que la reprise risquait d'être lente et très vulnérable à de nouveaux chocs éventuels.

Selon le rapport de conjoncture publié mercredi par la banque centrale, la situation économique du pays est restée «médiocre» ou «a empiré», selon les régions, de la mi-avril à la fin mai.

Washington espère que le plan de relance promulgué en février et les différents programme de soutien au crédit de la Fed relanceront l'activité.

Mais Jeffrey Lacker, un des dirigeants de la banque centrale, a affirmé mercredi faire davantage confiance à la psychologie du consommateur qu'au plan de relance public pour que son pays retrouve la croissance.

Selon lui vient un moment où «les consommateurs regardent vers l'avant et prennent confiance dans leurs perspectives de revenus après la récession», commençant «à dépenser plus vigoureusement qu'un analyste se concentrant sur les tendances récentes de leur patrimoine ne pourrait le prévoir».