Quebecor (t.qbr.b), l'un des acheteurs intéressés par le Canadien de Montréal, vient de déposer une demande de licence au CRTC pour une chaîne de télévision sportive, a appris La Presse Affaires.

La demande de licence a été déposée au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) le 1er mai dernier. Le nom provisoire de cette chaîne sportive: TVA Sports. «Nous ne sommes pas tenus de garder ce nom si le CRTC accepte notre demande», précise Isabelle Dessureault, vice-présidente des affaires publiques de Quebecor Média.

La demande de licence de TVA Sports survient alors que l'empire Péladeau tente d'acquérir le Canadien de Montréal. La date butoir afin de déposer une offre d'achat pour le Canadien a été fixée à demain par George Gillett et son mandataire, le banquier Jacques Ménard.

Matchs du Canadien

TVA Sports diffusera-t-il les matchs du Canadien si l'équipe montréalaise se retrouve dans le giron de l'entreprise dirigée par Pierre Karl Péladeau? «Il est beaucoup trop tôt pour parler de programmation», dit Isabelle Dessureault. De toute façon, les droits de télédiffusion des matchs du Canadien appartiennent à RDS, propriété de CTVglobemedia, jusqu'à la fin de la saison 2012-2013. RDS paie 20 millions de dollars par année pour diffuser tous les matchs du Canadien.

Quebecor soutient vouloir lancer sa chaîne de télé sportive peu importe l'issue du dossier de la vente du Canadien. «Notre réflexion s'est entamée à l'automne, mais bien avant que le Canadien ne soit à vendre, dit Isabelle Dessureault. Au-delà du Canadien, on pense que d'autres contenus de nature sportive peuvent être présentés à l'antenne. On y voit une opportunité.»

Fin du monopole

En octobre dernier, le CRTC a décidé de mettre fin au monopole des chaînes sportives au pays. L'organisme fédéral estime que ces dernières ont dorénavant les reins assez solides financièrement afin de se défendre contre l'arrivée de nouveaux concurrents.

Seule chaîne sportive francophone au pays, RDS a généré des profits de 25,6 millions de dollars sur des revenus de 94,6 millions en 2007, selon des documents du CRTC. La marge de profit avant impôts de RDS est de 27%. Quant à RIS, chaîne jumelle de RDS, elle a généré des profits de 1,6 million sur des revenus de 6,6 millions, soit une marge de profit avant impôts de 25%.

La première demande de licence de chaîne sportive francophone - et la seule pour l'instant - a été déposée par TVA Sports le 1er mai dernier. Radio-Canada songe à renchérir. «Il y a un projet présentement à l'étude, mais nous ne pouvons en dire plus», dit Marc Pichette, directeur des relations publiques de Radio-Canada.

Du côté anglophone, CBC a obtenu une licence pour sa chaîne spécialisée CBC Sports Plus en août dernier. Aucune date de lancement n'est prévue pour CBC Sports Plus. «Ce projet tient toujours, mais il faut considérer que le contexte financier a changé depuis l'octroi de la licence», dit Angus McKinnon, porte-parole de CBC.

Le CRTC n'a pas voulu commenter la demande de licence de TVA Sports, encore confidentielle selon les règlements de l'organisme fédéral. «La seule information qui est du domaine public est le fait qu'il y ait une demande de licence, dit Denis Carmel, porte-parole du CRTC. Les détails de la demande de licence sont confidentiels jusqu'à ce que la demande soit jugée complète par le Conseil. Ce processus donne la possibilité aux demandeurs de modifier ou de retirer leur demande.»

Les détails de la demande de licence de TVA Sports seront disponibles au cours des prochaines semaines. La décision du CRTC est attendue l'automne prochain.

Advenant une décision favorable, TVA Sports pourrait voir le jour au plus tôt en 2010. «Tu ne lances pas une chaîne de télé comme ça, dit Isabelle Dessureault, de Quebecor Média. Il faut négocier des contenus. Le processus dure au moins un an (à partir de la demande de licence).»

 

TVA VEUT AUSSI CONCURRENCER VRAK.TV

Quebecor ne s'attaque pas seulement au monopole télévisuel de RDS. Le conglomérat de Pierre Karl Péladeau a aussi l'intention de créer sa propre chaîne jeunesse afin de concurrencer VRAK.TV, propriété d'Astral Media.

Quebecor a déposé une demande de licence pour TVA Junior au CRTC le 7 mai dernier. «Le CRTC n'a pas mis fin au monopole des chaînes jeunesse (au contraire des chaînes sportives et de nouvelles continues), mais il a indiqué qu'il allait regarder attentivement les nouvelles propositions «, dit Isabelle Dessureault, vice-présidente des affaires publiques de Quebecor Média. Les états financiers des chaînes jeunesse francophones semblent donner raison à Quebecor, qui souhaite l'arrivée de nouvelles chaînes dans le marché lucratif de la télévision jeunesse. Selon les documents du CRTC, VRAK.TV a généré des profits de 9,5 millions de dollars sur des revenus de 22,6 millions en 2007. Sa marge de profit avant impôts de 42% est l'une des plus élevées au sein de l'industrie. Sa rivale anglophone YTV (pour Youth Television) est encore plus rentable avec une marge de 48% (profits de 42,5 millions sur des revenus de 89,5 millions).