La maison Christian Lacroix, un des fleurons de la haute couture française, a été placée mardi en redressement judiciaire avec une période d'observation de six mois par le Tribunal de commerce de Paris, a indiqué à l'AFP l'avocat de la société, Me Simon Tahar.

«Il a été décidé une période d'observation de six mois et la nomination d'un administrateur judiciaire», a-t-il précisé.

Les propriétaires américains de la griffe, Simon et Léon Falic, étaient présents à l'audience ainsi que leur fondé de pouvoir Nicolas Topiol.

Ils n'ont fait aucune déclaration à l'issue de l'audience qui s'est tenue à huis clos.

La maison Christian Lacroix, qui emploie 125 personnes, avait annoncé jeudi dernier être en cessation de paiements, frappée par «la crise financière mondiale qui touche de manière significative le domaine du luxe».

La griffe avait indiqué qu'elle proposerait au Tribunal de commerce «un plan de continuation» et le maintien de «ses activités pendant cette période».

De source proche du dossier, on précise ainsi que «la société fera tout pour être présente d'une manière ou d'une autre lors de la présentation des prochaines collections haute couture début juillet à Paris».

Le couturier Christian Lacroix avait créé la maison de couture qui porte son nom en 1987, avec l'appui du numéro un mondial du luxe LVMH de Bernard Arnault qui s'en est séparé début 2005, pour cause de mauvais résultats chroniques, la cédant au groupe américain spécialisé dans le duty-free.

La société a rappelé jeudi dernier qu'elle avait entrepris après son acquisition un «plan ambitieux et à long terme de repositionnement de la marque sur le marché du prêt-à-porter de luxe», mais cette stratégie «malheureusement, a subi de plein fouet les conséquences de la crise financière mondiale, qui touche de manière significative le domaine du luxe».

L'an dernier, l'entreprise avait enregistré 10 millions d'euros de perte pour un chiffre d'affaires de 30 millions. La collection automne-hiver 2009/2010, présentée en mars, a vu les commandes chuter de 35%.

Dès 2008, la société Lacroix avait lancé une recherche de partenaires financiers, mais «ce processus, qui était en phase finale, a été également directement touché par la crise financière et n'a pu être finalisé dans des délais suffisants», précisait encore la griffe.

Dans une lettre interne aux salariés, le couturier Christian Lacroix, qui n'est pas salarié mais rétribué par sa société personnelle, avait déclaré ne pas savoir «de quoi sera fait demain, si demain il y a, mais sachez que je ferai tout pour que nous restions une maison de couture à 200%».

Le couturier avait en outre révélé que la griffe lui devait «1,2 million d'euros» et qu'il dessinait «les collections gratuitement depuis plusieurs mois» avant de parler de «drôle de gestion des actionnaires» qu'il qualifie plus loin de «catastrophique».

Mardi, l'avocat de la maison Lacroix affirmait que les contacts «n'ont jamais cessé» avec le couturier.