Alors que les magazines et les imprimeries de Transcontinental (XXX) sont frappés de plein fouet par la récession, le groupe contemple une série d'acquisitions dans le secteur du marketing électronique.

«On en a une assez longue liste; il y en a de sérieuses et de moins sérieuses», a indiqué le nouveau patron de la division communications marketing, Christian Trudeau, en entrevue à La Presse Affaires.

M. Trudeau est entré en poste il y a un mois pour prendre la tête de cette nouvelle unité d'affaires de Transcontinental, créée en novembre dernier après l'acquisition de quatre petites firmes technos.

La division fait notamment des offres publicitaires personnalisées par courriel et l'analyse de bases de données pour ses différents clients. Elle regroupe plus de 3000 employés et compte pour 400 millions dans le chiffre d'affaires du groupe médiatique.

Christian Trudeau souligne avoir «d'autres cibles en vue en Amérique du Nord», des PME qui viendront compléter l'offre de services de Transcontinental à ses clients. Il se fait avare de détails mais précise que l'entreprise pourrait agir vite si elle trouve des perles rares sur le marché.

«C'est un monde qui va vite, il y a des choses qui peuvent se mettre en branle et se développer rapidement, indique-t-il. On découvre de nouveaux acteurs tous les jours, et il y en a certains avec qui on peut décider de bouger plus vite.»

La fin du Publisac?

Le dirigeant insiste sur un point: les publicités ciblées par courriel, ou encore les circulaires en ligne, ne sont pas là pour cannibaliser le traditionnel Publisac, importante source de revenus pour les imprimeries de Transcontinental. «On est là pour amener plus de business aux autres divisions», dit-il.

Selon M. Trudeau, le marketing direct en ligne est appelé à connaître une expansion accélérée. «Si on regarde les chiffres de marché en Amérique du Nord, c'est un domaine en énorme croissance. De plus en plus, les entreprises vont utiliser le courriel pour atteindre leur clientèle. Elles vont aussi utiliser les outils de banques de données pour analyser les comportements de leur clientèle.»

Transcontinental mise gros sur la division communications et marketing - l'une des trois unités d'affaires du groupe avec les médias et l'imprimerie - pour générer de nouvelles sources de revenus. L'entreprise en a bien besoin, elle qui a vu son chiffre d'affaires reculer de 10% au premier trimestre de l'année financière 2009.

La société a affiché une perte nette de 6,4 millions pendant cette période, comparativement à un profit de 34,1 millions l'an dernier. Le secteur du publipostage a été particulièrement frappé par la crise économique, avec un recul de 30% de ses revenus aux États-Unis. L'édition de magazines a aussi ralenti.

Ces mauvais résultats - et l'impact futur de la récession sur les résultats en Amérique du Nord - ont incité l'agence de notation Standard & Poor's à abaisser la cote de crédit de Transcontinental de «BBB» à «BBB moins» le mois dernier.

Christian Trudeau anticipe néanmoins une croissance des revenus de sa division pour l'année qui vient. «Je l'entrevois avec beaucoup d'optimisme. Même dans le climat dans lequel on vit, beaucoup d'entreprises se tournent vers les moyens électroniques pour atteindre leur clientèle, c'est une autre façon d'aller les chercher.»

Le dirigeant jouit de 25 ans d'expérience dans le milieu des affaires, comme président de BCE Emergis et de la firme de commerce électronique Centria, notamment.

Le titre de Transcontinental a clôturé à 7,81$ vendredi à la Bourse de Toronto, en baisse de 2,4%. L'action a perdu 57% de sa valeur depuis un an.