La récession qui sévit au Canada et qui est vraisemblablement la plus profonde depuis la Grande Dépression, pourrait être aussi la plus courte qu'ait connue le pays.

La hausse des ventes de maisons et de voitures, les gains inattendus dans les secteurs de l'emploi et des permis de bâtir, des conditions de crédit plus faciles et l'augmentation des prix des matières premières signalent que le ralentissement économique observé au Canada pourrait toucher à sa fin. Huit des onze économistes sondés par Bloomberg ce mois-ci prédisent que l'économie renouera avec la croissance au prochain trimestre.

«On n'a pas l'impression que c'est tout à fait fini, mais les gens respirent un peu mieux», indique Russ Girling, président de la division des pipelines de TransCanada Corp., plus importante compagnie de pipelines au pays, qui a connu une augmentation de 12% de ses revenus au premier trimestre.

Toutes les cinq grandes récessions que le Canada a connues après la Deuxième Guerre mondiale, sauf une, ont duré au moins un an. La plus brève, celle de 1957, a duré neuf mois, selon Philip Cross, qui surveille les cycles économiques du pays pour Statistique Canada.

L'économie canadienne a subi un recul de 3,4% au quatrième trimestre de 2008 et la baisse du premier trimestre pourrait avoir atteint 7,3%, ce qui serait la pire dégringolade de tous les temps, estime la Banque du Canada. Cette dernière s'attend à une baisse de l'activité économique de 3% pour toute l'année 2009, ce qui serait la baisse la plus importante depuis 1933.

Aux États-Unis, la récession a commencé en décembre 2007, d'après le National Bureau of Economic Research, qui est l'arbitre américain en matière de cycles économiques. Statistique Canada, qui définit une grande récession comme étant marquée par une baisse de l'emploi et de la production de plus d'un an, n'a pas encore déterminé quand la récession a commencé au pays, dit M. Cross. Pour sa part, la Banque du Canada a indiqué que le pays était entré en récession au cours du quatrième trimestre de l'an dernier.

Si le Canada a pâti de la baisse de la demande américaine de ses exportations, les banques du pays ont en général été épargnées par les pertes sur crédit. Aucun argent public n'a été fourni à l'une ou l'autre des 21 banques canadiennes depuis que le crédit mondial s'est resserré en août 2007. De son côté, le gouvernement américain surveille des investissements d'environ 200 milliards US dans les banques par le truchement du programme Troubled Asset Relief Program, une initiative financée par les deniers publics.

Le marché de l'habitation au Canada s'est tiré beaucoup mieux d'affaire que celui des États-Unis, où les prix ont chuté de 18,6% en février dernier par rapport à un an plus tôt, selon l'indice S&P/Case-Shiller portant sur 20 grandes villes américaines. Les prix moyens des maisons déjà existantes ont baissé de moins de la moitié de ce pourcentage au Canada au cours de la même période, précise l'Association canadienne de l'immeuble.

L'indice composite boursier canadien Standard&Poor's/TSX a bondi de 50% (en dollars américains) depuis son creux du 9 mars dernier comparativement à un gain de 34% réalisé par l'indice américain Standard&Poor's 500 au cours de la même période.