Alors que les entreprises du monde entier licencient à pleines portes et suppriment leurs dépenses superflues, Xerox (XRX) veut les convaincre d'acheter sa nouvelle photocopieuse couleur «révolutionnaire».

La machine à encre solide, appelée ColorQube, permet de réduire jusqu'à 62% le coût d'impression des pages couleur, promet Xerox. Les économies potentielles apparaissent intéressantes, mais une question cruciale subsiste: est-ce vraiment le temps de lancer un produit qui, somme toute, sera en moyenne plus cher à utiliser que la traditionnelle formule noir et blanc?

Ursula Burns, présidente mondiale de Xerox Corporation, martèle que le moment est parfait. Crise économique ou pas. «Ce qu'on fait, c'est qu'on permet à nos clients d'imprimer en couleur sans coûts majeurs additionnels», fait-elle valoir en entrevue avec La Presse Affaires.

L'entreprise du Connecticut mise gros sur ce produit, qui fait l'objet de la plus importante campagne de marketing de son histoire. Mais contrairement à la présidente de Xerox, la firme d'analyse IDC doute que le contexte actuel soit idéal pour un lancement d'une telle ampleur.

«L'économie a fortement affecté le marché de la copie, où les vendeurs et leurs partenaires se plaignent d'un ralentissement des ventes», écrit dans un rapport l'équipe d'analystes dirigée par Angèle Boyd.

En mars dernier, quelque 54% des acheteurs potentiels ont indiqué que l'état de l'économie affectait leurs dépenses liées à l'impression, selon les données d'IDC. C'est 20% de plus qu'en mai 2008.

Xerox, dont le chiffre d'affaires a reculé de 18% au premier trimestre, a déjà goûté à ce ralentissement. Ses revenus tirés de la «couleur» sont passés de 1,6 milliard au premier trimestre de l'an dernier à 1,37 milliard cette année.

Ursula Burns se montre tout de même confiante. «Il y a eu 2,24 trillions de pages imprimées dans les entreprises à travers le monde l'an dernier, et seulement 15% de ces pages étaient en couleur. La seule explication, c'est le coût d'impression. Ce qu'on dit, c'est qu'il y aura encore 2,24 trillions de pages imprimées cette année, et on veut que plus d'entre elles le soient en couleur.»

La présidente de Xerox croit que les coûts d'impression plus faibles du ColorQube par rapport aux machines existantes constitueront un argument de poids.

L'impression d'une page avec peu de couleur - par exemple une lettre avec le logo de l'entreprise - revient à environ un cent avec la nouvelle photocopieuse, soit l'équivalent d'une copie noir et blanc. Le coût grimpe à environ 8 cents pour les documents plus complexes.

La ColorQube risque aussi de titiller les entreprises qui veulent améliorer leur bilan environnemental, espère Xerox. L'imprimante n'utilise pas de cartouches en plastique, mais plutôt des blocs d'encre solide d'aspect cireux, ce qui réduit de 90% les impacts sur l'environnement.

Restructuration

Xerox a entrepris un vaste programme de réduction des coûts l'automne dernier pour affronter le ralentissement économique. La société a notamment licencié 3400 employés et espère économiser 250 millions cette année grâce à toutes ses mesures de redressement.

Le bilan de l'entreprise est plus sain, mais 2009 continuera d'être une année «difficile», selon Ursula Burns.

«Nous espérons - même si l'espoir ne constitue pas une stratégie - que les choses vont s'améliorer en 2010, dit-elle. Nous faisons tout pour être prêts quand l'économie va redécoller, donc nous continuons à investir en technologie et dans le service aux clients.»

Xerox compte environ 55 000 employés dans le monde, dont 3200 au Canada.