Après avoir cessé de publier l'hebdomadaire Ici il y a deux semaines, Quebecor (t.qbr.b) n'exclut pas de faire migrer d'autres journaux de sa filiale Sun Media exclusivement sur l'internet.

C'est ce qu'a indiqué le grand patron du conglomérat médiatique, Pierre Karl Péladeau, en marge de l'assemblée annuelle de Quebecor qui se tenait hier à Montréal. «Je ne peux pas dire que cela n'arrivera jamais, mais je ne dirai pas quand cela va arriver», a-t-il répondu à un journaliste.Quebecor a dévoilé hier les résultats de son premier trimestre, en hausse pour l'ensemble du groupe, mais en baisse assez prononcée dans le secteur des journaux. Les revenus des publications de Sun Media - 43 quotidiens et plus de 200 autres publications d'un bout à l'autre du pays - ont chuté de 12% entre janvier et mars, conséquence directe de la frilosité des annonceurs.

Dans sa présentation aux actionnaires, Pierre Karl Péladeau a insisté sur l'importance de modifier les façons de faire des différents journaux du groupe. Il faut rationaliser les salles de rédaction et briser le modèle «d'autarcie» qui prévaut depuis des décennies, a-t-il fait valoir.

Les journaux de Sun Media devront produire de plus en plus de contenu en temps réel pour l'internet et d'autres plateformes comme le sans-fil, a ajouté le dirigeant. La version papier sera désormais considérée comme «une des fenêtres de diffusion du travail de cueillette et d'assemblage d'information de la salle de rédaction».

Quebecor a déjà amorcé une vaste restructuration de sa filiale de journaux l'automne dernier, qui a généré des économies de 7 millions de dollars au premier trimestre.

Les actionnaires de Quebecor semblent avoir bien apprécié la présentation de M. Péladeau. Pour leur part, les syndiqués du Journal de Montréal - publication amiral de Sun Media - ont tenu à exprimer leur mécontentement pendant une manifestation pacifique à l'extérieur de l'assemblée.

Les 253 artisans du Journal, en lock-out depuis 15 semaines, estiment que la direction refuse de négocier de bonne foi avec eux. Ils ont fait valoir leur point de vue en distribuant des lettres aux actionnaires.

«Nous craignons que Quebecor et le Journal de Montréal ne puissent se relever d'un long conflit de travail, ont-ils écrit. C'est pourquoi nous nous adressons à vous. Nous savons que la situation vous préoccupe autant que nous et que vous souhaitez vous aussi la reprise des négociations.»

Câblodistribution

Si les revenus des journaux de Quebecor ont décliné, la filiale de câblodistribution, Vidéotron, a poursuivi sa croissance pendant le trimestre. Les revenus de la filiale ont grimpé de 11%, pour atteindre 477,5 millions.

Les revenus de télédiffusion se sont élevés à 109,8 millions, en hausse de 3,1%, propulsés notamment par les fortes recettes publicitaires de l'émission de variétés Star Académie.

Au total, le chiffre d'affaires de Quebecor a grimpé de 2,2% pendant le trimestre, à 896,2 millions. Les profits ont été de 57 millions (90 cents par action de base), nettement inférieurs aux 428,4 millions générés l'an dernier quand un gain exceptionnel avait été réalisé.

Les revenus du groupe sont arrivés en deçà des prévisions de l'analyste Jeffrey Fan, de la firme UBS. Mais le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA) a dépassé ses projections grâce à la performance de Vidéotron.

«Bien que l'ajout de nouveaux abonnés ralentisse à cause des politiques de reconquête agressives de Bell, la force de la vidéo et de l'internet montrent que Vidéotron continue de voler à Bell des clients à haute valeur», a écrit M. Fan dans un rapport.

Le titre de Quebecor a clôturé à 18,55$ hier à la Bourse de Toronto hier, en hausse de 2,5%.