Alors que le gouvernement fédéral s'attribue les mérites du «redressement» de l'économie en avril, la stabilisation du taux de chômage à 8% ne réjouit pas autant les partis de l'opposition, à Ottawa, qui continuent de réclamer davantage de mesures.

À la Chambre des communes, les conservateurs ont applaudi, hier, les chiffres rendus publics par l'Institut de la statistique, une preuve de plus, selon eux, que leur plan de relance fonctionne.

 

«Les statistiques le prouvent, la tendance est renversée», a lancé sans hésiter le député conservateur de Lotbinière-Chutes-de-la-Chaudière, Jacques Gourde.

«Notre plan d'action économique commence à porter ses fruits. Grâce aux mesures concrètes de notre gouvernement, l'économie se redresse depuis avril dernier», a-t-il ajouté, enjoué.

Mais pour les partis de l'opposition à Ottawa, le gouvernement a tort de se réjouir trop vite de données statistiques qui cachent, selon eux, une autre réalité.

«Le seul progrès, et c'est en dépit du gouvernement, se trouve dans la catégorie des emplois indépendants. Autrement dit, les Canadiens sont abandonnés à leur sort pour faire face à cette récession», a critiqué le leader libéral en Chambre, Ralph Goodale, qui déplore l'attitude jovialiste du gouvernement.

Assurance emploi

L'annonce d'une création d'emplois positive survient au moment même où le Parti libéral fait de l'assurance emploi son cheval de bataille, allant jusqu'à laisser entendre qu'il pourrait déclencher des élections générales si le gouvernement conservateur n'acceptait pas sa proposition d'élargir l'accessibilité pour aider les Canadiens à traverser la crise.

Pour le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, les emplois créés en avril n'ont rien à voir avec le plan du gouvernement de Stephen Harper.

«Quand on regarde le type d'emploi qui a été créé, c'est absolument pas les emplois qui peuvent résulter des mesures annoncées par le gouvernement. C'est du monde qui cherche à survivre parce qu'il n'arrive pas à se qualifier à l'assurance emploi, il ne trouve pas d'emploi et tant qu'à crever de faim, on va chercher à créer son propre emploi», a dit M. Paquette.

«Si les conservateurs s'assoient là-dessus pour ne pas proposer un deuxième plan de relance avant la fin des travaux parlementaires en juin, on aura un sérieux problème à la rentrée parlementaire parce que le taux de chômage va avoir augmenté», a-t-il prédit, rappelant qu'il s'agit, à 8%, du plus haut taux de chômage atteint en sept ans au Canada.

De passage à Montréal, le chef bloquiste, Gilles Duceppe, a pour sa part admis qu'il s'agissait d'une «bonne nouvelle», mais qu'il était «beaucoup trop tôt pour parler d'une reprise» économique.

La porte-parole du NPD, Libby Davies, a pour sa part estimé que le gouvernement ne vivait pas «dans la réalité» en se réjouissant des chiffres d'avril.

Avec la collaboration de Martin Croteau