Le premier ministre Stephen Harper estime que les négociations entre le Canada et l'Union européenne (UE) visant à conclure un traité de libre-échange constituent «un rayon de soleil dans la tempête économique» qui secoue la planète.

À l'issue du sommet Canada-UE, hier, M. Harper a soutenu que ces négociations envoient un message on ne peut plus clair aux pays, dont les États-Unis, qui sont tentés par le protectionnisme pour relancer leur économie.

Ces négociations sont le résultat de près de 30 ans d'efforts de la part des autorités canadiennes pour convaincre les pays membres de l'UE de conclure un pacte commercial, a rappelé le premier ministre.

«Ce sommet aura été court, mais il aura aussi été très productif. Il s'agit d'un événement très historique. La relation entre le Canada et l'Union européenne est très importante. L'Union européenne est notre deuxième partenaire commercial en importance. C'est aussi la première entente que l'Union européenne tente de conclure avec un pays industrialisé», a affirmé M. Harper.

M. Harper a donné le coup d'envoi à ces négociations en compagnie de son homologue tchèque, Mirek Topolanek, qui assume la présidence de l'UE, et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Ces négociations devraient prendre au moins deux ans.

Un traité de libre-échange aurait des retombées économiques de 12 milliards pour le Canada et de près de 18 milliards à l'UE sept ans après son entrée en vigueur. En 2008, le Canada a exporté quelque 36,4 milliards de dollars en marchandises vers les pays membres de l'UE. Le Canada a importé 54 milliards de dollars de marchandises de ce bloc commercial.

Ambitieux accord

Les négociateurs des deux partis auront du pain sur la planche pour mener à bien «cet ambitieux accord», selon l'expression utilisée par le premier ministre Topolanek. Le nouvel accord envisagé devrait ouvrir le commerce dans divers domaines, dont les services d'investissement, l'approvisionnement gouvernemental et les produits agricoles. En outre, l'accord souhaité permettrait la mobilité temporaire de la main-d'oeuvre entre le Canada et les 27 pays membres de l'UE. Enfin, il devrait permettre d'adopter des réglementations semblables dans plusieurs domaines, notamment les droits d'auteur et l'alimentation ainsi que la sécurité animale.

Les États-Unis demeurent le principal partenaire commercial du Canada, et de loin. Près de 85% des exportations canadiennes aboutissent aux États-Unis. Seulement 6% des marchandises canadiennes sont vendues sur le territoire de l'UE. Le gouvernement Harper veut réduire la dépendance commerciale du Canada vers son voisin américain.

Les négociations ont été lancées 24 heures après que le Parlement européen eut adopté un projet de loi limitant la vente des produits dérivés du phoque en provenance du Canada.

Hier, M. Harper a indiqué, comme l'avait fait la veille le ministre du Commerce international Stockwell Day, que le Canada a la ferme intention de contester cette mesure devant l'Organisation mondiale du commerce.

Le premier ministre a toutefois indiqué que ce différend commercial n'aurait aucune conséquence sur les négociations portant sur le libre-échange, un signe selon lui de la maturité des relations entre le Canada et l'UE.

«Le Canada et l'Union européenne sont en désaccord depuis longtemps sur cette question. Mais le Canada va continuer à défendre sa position de manière vigoureuse autant au pays qu'à l'étranger. Nous allons continuer de protéger les communautés autochtones qui seront affectées par cette décision», a dit M. Harper.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a affirmé que la décision du Parlement répondait à des préoccupations exprimées par la population sur le traitement réservé aux animaux et n'est guère une forme de protectionnisme.

«Nous comprenons la position du Canada, mais nous pensons que nos mesures sont tout à fait compatibles avec les règles commerciales de l'OMC», a dit M. Borroso.

Changements climatiques

Durant le sommet de six heures, M. Harper et ses deux hôtes européens ont discuté de plusieurs dossiers d'actualité, dont l'épineuse question des changements climatiques et la mission de l'OTAN en Afghanistan.

Dans le communiqué final, le Canada et l'UE affirment vouloir bâtir «une économie mondiale à faible émission de carbone qui soit sécuritaire et durable tout en renforçant la capacité de s'adapter aux répercussions du changement climatique». Les deux parties s'engagent d'ailleurs à «collaborer étroitement» pour favoriser l'adoption d'un accord global sur les changements climatiques - le post-Kyoto - à Copenhague, en décembre 2009.

Les deux parties affirment aussi que les pays industrialisés doivent s'engager à atteindre des objectifs «intermédiaires» de réduction des émissions de gaz à effet de serre, applicables dans tous les secteurs de l'économie, d'ici 2020. Elles affirment aussi que les pays émergents doivent faire un effort raisonnable pour réduire leurs émissions.

Le Canada et l'UE ont également signé un accord sur la sécurité du transport aérien et conclu des négociations sur un accord global en matière de transport aérien. Cet accord, selon les autorités canadiennes, permettra de réduire les prix et d'offrir davantage de choix aux gens qui voyagent entre le Canada et l'Europe.

 

90,4 MILLIARDS

Commerce bilatéral des marchandises entre le Canada et l'Union européenne en 2008, en hausse de 7% par rapport à 2007.

3,5%

Hausse des exportations canadiennes vers l'UE en 2008, pour un total de 36,4 milliards.

2e

L'UE est le deuxième partenaire commercial en importance du Canada, après les États-Unis.

20%

Potentiel d'accroi ssement des échanges commerciaux advenant un accord de libreéchange, selon une étude mixte Canada-UE.

Source: Bureau du premier ministre du Canada