La décision unilatérale de l'équipementier Rossignol de mettre au régime sec ses skieurs, crise économique oblige, est la manifestation la plus visible d'un mouvement de fond qui ébranle le monde de la neige à neuf mois des jeux Olympiques d'hiver 2010 à Vancouver.

La baisse du salaire fixe des champions sous contrat avec l'équipementier est drastique: elle flirte avec les 50%. Selon des estimations concordantes, les meilleurs skieurs de la marque bénéficient d'un salaire fixe de 300 000 euros de leur équipementier, auxquels s'ajoutent différentes primes, variables en fonction des victoires et podiums. Cette baisse coïncide avec les réductions d'effectifs du groupe, annoncée en mars, de quelque 30%, soit 440 personnes, dont 275 en France.

«On a rencontré personnellement une cinquantaine de skieurs. Mardi, il y avait une réunion à Oslo avec nos champions du nordique», a indiqué à l'AFP Bruno Cercley, président du groupe Rossignol.

«Je considère que l'ensemble du personnel et de nos partenaires, s'ils se sentent solidaires, doivent participer à l'effort (de redressement financier). Les athlètes ont apprécié la transparence et le détail des explications. Notre objectif, c'est de continuer à leur fournir les meilleurs produits. La compétition, on ne peut pas s'en passer, c'est l'ADN du groupe», a souligné M. Cercley.

Si les autres constructeurs n'envisagent pas, pour le moment, de toucher aux rémunérations, tous sont néanmoins d'accord pour réduire les frais annexes. Ainsi, les fabricants ne veulent plus que leurs techniciens accompagnent les équipes nationales lors des stages estivaux dans l'hémisphère sud. Soit des économies de centaines de milliers d'euros.

«On est au bout de ce modèle dans lequel se sont les marques qui supportent le coût du système», a conclu Bruno Cercley, pour qui il faut penser à des sources alternatives de sponsoring.

Alternative Les athlètes et les fédérations n'ont d'ailleurs d'autre choix que de s'adapter. Le marché n'est pas assez florissant pour qu'une marque puisse profiter des difficultés de la concurrence. Et aucune star, fût-elle l'Américaine Lindsey Vonn, n'a d'intéret sportif la saison des JO à changer de matériel, avec tous les essais et réglages inhérents.

Si les marques campent sur leur ligne dure, il incombera aux fédérations nationales et aux athlètes de payer les «skimen» lors des déplacements en Amérique du Sud notamment. «Ces stages sont trop importants, surtout en année des Jeux. Nous irons de toute manière», a souligné Claudio Ravetto, directeur de l'équipe d'Italie messieurs de ski alpin.

Les équipementiers et les fédérations tenteront de trouver un terrain d'entente lors d'une réunion prévue mardi 12 mai à Z-rich (Suisse). Une solution de compromis pourrait consister, sur les modes de fonctionnement de la Formule 1 et du motocyclisme, en des test et entraînements regroupés pour tous sur un mois.

Face à cette crise, latente depuis une dizaine d'années, les pays alpins ont réactivé une ancienne association pour promouvoir leurs territoires comme lieux privilégiés, sinon exclusifs, des grandes compétitions. Ce qui éviterait les longs et coûteux déplacements transatlantiques