L'équipementier en télécommunications Alcatel-Lucent (alu) a annoncé mardi une nouvelle perte nette au premier trimestre, la neuvième consécutive, mais maintient ses prévisions pour 2009, «une année de transition» avant un retour aux bénéfices espéré pour 2010.

À la Bourse de Paris, les investisseurs sanctionnaient ces résultats jugés «décevants» : vers 10h10, le titre perdait 3,94%, à 1,88 euro, dans un marché stable.

Le groupe, en pleine restructuration, a creusé sa perte nette à 402 millions d'euros (un euro = 1,57$ CA), contre 181 millions il y a un an.

La perte d'exploitation ajustée, qui exclut les écarts d'acquisition dus à la fusion entre le français Alcatel et l'américain Lucent, s'élève elle à 254 millions d'euros, à comparer avec un bénéfice de 36 millions au premier trimestre 2008.

L'équipementier affiche par ailleurs un chiffre d'affaires en repli de 6,9%, à 3,6 milliards d'euros, affecté notamment par la chute du marché nord-américain (-28% à taux de change constant).

Si les ventes sont globalement conformes aux prévisions du marché, la perte d'exploitation ajustée est en revanche le double de celle attendue, les analystes tablant sur -138 millions d'euros, selon le consensus cité par Exane BNP Paribas.

«Bien qu'anticipée en raison de la saisonnalité de nos ventes et des conditions de marché, nous ne sommes pas satisfaits de la perte opérationnelle du premier trimestre», a reconnu le directeur général Ben Verwaayen.

«Nos prévisions sur l'année restent néanmoins inchangées», a-t-il ajouté.

Pour 2009, Alcatel-Lucent confirme ainsi vouloir atteindre un «résultat d'exploitation ajusté à l'équilibre» et s'attend toujours à une baisse du marché «de 8 à 12%» à taux de change constants.

Ces résultats sont «un peu décevants», considère Alexander Peterc, analyste chez Exane BNP Paribas. Pour autant, «il n'y a rien de catastrophique. C'est comme beaucoup de sociétés du secteur, le terrain était très, très mauvais».

L'américain Motorola a ainsi enregistré un recul de près de 28% de son chiffre d'affaires trimestriel et une perte nette de 231 millions de dollars. Le suédois Ericsson, numéro un mondial, résiste en revanche plutôt bien, même si son bénéfice net a fondu, avec des ventes en progression de 12%.

M. Verwaayen a souligné que «ce trimestre avait été consacré au remodelage du groupe». «Nous avons fait des progrès», a-t-il dit, se félicitant des contrats récemment signés, notamment en Chine pour la 3G (troisième génération de téléphonie mobile).

«2009 est une année de transition» pour Alcatel-Lucent, engagé dans un programme de «rationalisation de (son) portefeuille de produits» et de «réduction des coûts», a-t-il rappelé.

Le groupe a déjà supprimé 290 postes de cadres sur les 1000 annoncés en décembre et réduit de 770 le nombre de sous-traitants sur les 5000 planifiés.

Alcatel-Lucent a engagé «la bonne stratégie», mais celle-ci va prendre du temps: «il ne faut pas attendre grand-chose dans les mois ou les trimestres qui viennent», a souligné un analyste parisien souhaitant garder l'anonymat.

Le directeur financier Paul Tufano a confirmé de son côté que le groupe tablait sur un retour aux bénéfices nets «dans la seconde moitié de 2010 et pour l'ensemble de 2011».

Il a par ailleurs indiqué que la vente à Dassault Aviation de sa participation de 20,8% dans Thales était «imminente». Elle «a été approuvée par toutes les autorités réglementaires compétentes et la finalisation de cette transaction devrait intervenir au second trimestre», a-t-il précisé.

Il a enfin de nouveau exclu une augmentation de capital pour le groupe dont la dette nette s'élevait fin mars à 841 millions d'euros, contre 389 fin 2008.