La déflation a effectué son retour attendu au Japon en mars, où le taux de chômage a atteint son plus haut niveau en quatre ans et demi.

Cela se produit alors que les entreprises, aux capacités de production excédentaires à cause de la crise, sont contraintes de baisser les prix et de licencier.Les prix à la consommation hors produits périssables au Japon ont reculé de 0,1% sur un an en mars, tandis que le taux de chômage a augmenté de 0,4 point par rapport à février à 4,8%, son plus haut niveau depuis août 2004, selon des statistiques publiées vendredi par le ministère des Affaires intérieures.

La baisse des prix, la première depuis septembre 2007, ne constitue pas une surprise. Les économistes s'attendaient en moyenne à un recul de l'ordre de 0,2%, et toutes les organisation internationales, de même que la Banque du Japon (BoJ), avaient pronostiqué la réapparition imminente de la déflation.

Selon la BoJ, les prix devraient continuer à chuter dans la deuxième économie mondiale pendant au moins deux ans en raison, principalement, des capacités de production devenues excédentaires par rapport à la demande, laquelle s'est effondrée à cause de la crise économique mondiale.

La consommation des ménages au Japon a d'ailleurs reculé en mars pour le 13e mois d'affilée (-0,4%), selon d'autres statistiques publiées vendredi.

Les baisses des prix les plus fortes ont été constatées dans le secteur électronique, où la désertion des consommateurs s'accompagne d'une concurrence féroce entre les producteurs. En mars, les ordinateurs portables étaient ainsi en moyenne 45,2% moins chers qu'un an plus tôt, les appareils photo numériques 33,1% et les téléviseurs 26,8%, selon le ministère.

La déflation est un phénomène pernicieux qui ruine les perspectives de bénéfices des entreprises, décourage l'investissement, retarde les dépenses de consommation des ménages et les capacités de ces derniers à rembourser leurs dettes (puisque la valeur des actifs apportés en garantie, tels les immeubles, ne cessent de diminuer).

L'économie japonaise a déjà été rongée par la déflation entre 1997 et 2006 environ, après l'éclatement au début des années 1990 d'une gigantesque bulle spéculative immobilière et boursière.

Le ministre japonais des Finances, Kaoru Yosano, a cependant estimé qu'il est «trop tôt pour dire que l'économie a replongé dans la déflation» en se basant sur les seuls chiffres de mars.

Les nombreuses suppressions d'emplois annoncées ces derniers mois par les entreprises japonaises ont parallèlement fait bondir de quatre dixièmes de point le taux de chômage en mars, à 4,8%. Ce taux reste toutefois inférieur au record de l'après-guerre, 5,5%, enregistré en avril 2003.

On comptait en mars au Japon un total de 3,35 millions de chômeurs, soit un bond de 25% par rapport à mars 2008, pour une population active en baisse de 0,4% à 65,8 millions d'individus, a précisé le ministère dans un communiqué.

Toujours en mars, on recensait dans l'archipel 52 offres d'emplois pour 100 demandes, le niveau le plus bas depuis avril 2002, contre 59 offres en février, traduisant la rapide et brutale dégradation du marché du travail.

Frappé par l'effondrement des exportations et le recul des investissements, le Japon vit actuellement sa pire récession depuis 1945.

Le gouvernement, qui prévoit un recul de 3,1% du produit intérieur brut (PIB) lors de l'année budgétaire 2009-2010 entamée le 1er avril, a adopté ces derniers mois une série de mesures de relance massives d'un montant total de 132 000 milliards de yens (1600 milliards CAN).