Le produit intérieur brut des Etats-Unis a chuté de 6,1% en rythme annuel au premier trimestre, plombé par un nouvel effondrement de l'investissement, sans pareil depuis plus de 60 ans, selon les chiffres publiés mercredi par le département du Commerce à Washington.

Cette première estimation de la baisse de l'activité américaine par rapport au quatrième trimestre de l'année 2008 est bien supérieure aux attentes des analystes, qui tablaient sur une baisse de 4,7%.

Elle est plus conforme aux prédictions d'un des dirigeants de la banque centrale américaine, Richard Fisher. Celui-ci avait averti récemment que le PIB de la première économie mondiale risquait d'avoir été à peu près aussi mauvais que le précédent, pendant lequel l'économie s'était contractée à un rythme de 6,3%.

Les trois mois d'hiver ont marqué le troisième trimestre consécutif de recul de l'activité économique américaine, ce qui n'était plus arrivé depuis 1974-1975.

La chute du PIB résulte essentiellement d'un effondrement de l'investissement des entreprises et des ménages, qui a chuté de 37,9% en rythme annuel, du jamais vu depuis la première publication des chiffres du PIB sous leur forme actuelle en 1947.

Le recul a été à peu près de la même ampleur pour les entreprises (-37,9%) et pour les ménages (-38,0%), mais il s'agit d'un record absolu pour les premières, et d'un niveau qui n'avait plus été atteint depuis 1980 pour les seconds.

Si l'on ajoute les déstockages des entreprises, comptabilisés comme un investissement négatif, la chute de l'investissement a fait perdre 8,83 points de croissance à l'économie américaine au premier trimestre. A elle seules, les  variations de stocks ont fait perdre 2,79 points, mais cet ajustement est largement perçu comme nécessaire pour permettre à l'économie de repartir.

Après deux trimestres de chute, les dépenses de consommation des ménages, qui assurent en temps normal plus des deux tiers de la croissance américaine, se sont redressées: elles ont progressé de 2,2% en rythme annuel, soit leur plus forte hausse depuis le premier trimestre 2007, faisant gagner 1,50 point de croissance au pays.

Du fait d'une chute des importations plus marquée que celle des exportations, le commerce extérieur a apporté 1,99 point de croissance après en avoir fait perdre 0,11 au trimestre précédent. Revers de la médaille, cette baisse des importations est le signe d'une demande intérieure encore anémiée.

Malgré le plan de relance budgétaire de 787 milliards de dollars sur trois ans promulgué par le président américain Barack Obama mi-février, les dépenses publiques (Etat fédéral, Etats fédérés et collectivités territoriales) ont reculé de 3,9%, après une hausse de 1,3% au dernier trimestre de 2008, faisant perdre 0,81 point de croissance à l'économie.

Le recul des dépenses de l'Etat fédéral (-4,0%) a été tiré par les dépenses liées à la défense (-6,4%), alors que les autres ont augmenté de 1,3% (après une hausse de 15,3% au trimestre précédent).

Avec ses réductions d'impôts, le plan de relance fiscale devrait davantage faire sentir ses effets au deuxième trimestre.

Résumant la situation, le ministère note que «le léger ralentissement de la baisse du PIB au premier trimestre par rapport au quatrième [de 2008] reflète une reprise des dépenses de consommation pour les biens durables et non durables, ainsi qu'une plus forte baisse des importations dont les effets ont été principalement effacés par des réductions de stocks, une baisse de l'investissement des entreprises, et un recul des dépenses publiques».