La déflation pourrait bien ressortir d'un futur rapport de Statistique Canada sur les prix à la consommation, mais il ne faut pas trop s'en inquiéter.

C'est en tout cas ce qu'avance Benoit Durocher, économiste senior du Mouvement Desjardins, à la lecture des données publiées ce matin sur l'inflation au pays. «Ce n'est qu'une question de temps avant que l'ensemble du pays connaisse une période temporaire de déflation, lance M. Durocher. Selon nos projections, le taux annuel d'inflation totale au Canada diminuera de moitié en avril (aux environs de 0,6%) et pourrait se retrouver en territoire négatif dès les mois de mai ou de juin.»

L'économiste se veut toutefois rassurant, estimant que les prix ne tomberont pas dans une spirale déflationniste dont les effets seraient dévastateurs.

«Rappelons, dit-il, que cette déflation sera en grande partie attribuable aux effets arithmétiques associés à la hausse des prix de l'énergie observée en première moitié de 2008. La déflation, qui est à nos portes, n'est pas vraiment préoccupante. Il s'agira d'un phénomène temporaire qui devrait se résorber de lui-même.»

Selon Charmaine Buskas, économiste principale et stratège à la Banque TD, la Banque du Canada peut trouver des raisons pour abaisser son taux directeur la semaine prochaine en faisant la lecture des données de ce matin.

«Ce rapport, soutient Mme Buskas, contient un peu de tout parce que les données sont un peu plus faibles que prévu, mais l'inflation de base est un peu plus élevée que les attentes. Cependant, les données désaisonnalisées montrent une réelle faiblesse qui renforce la cause en faveur d'une autre baisse de 0,25 point du taux directeur.»

L'annonce du taux directeur est prévue pour mardi à 9 h, et le taux actuel est de 0,5%.

Enfin, Benjamin Reitzes, économiste chez BMO Marchés des capitaux, croit que l'inflation a été matée par la récession et qu'elle reculera un peu plus au cours des prochains mois.

«Le relâchement économique maintient sous contrôle la croissance des salaires et limite la capacité des producteurs de refiler les hausses de prix aux clients, souligne M. Reitzes. Regardez le Rapport sur la politique monétaire de la Banque du Canada la semaine prochaine pour une baisse des attentes en matière d'inflation, avec les risques penchant clairement vers la baisse.»