La crise économique internationale risque de favoriser la cybercriminalité en raison du licenciement de nombreux experts en informatique, a mis en garde mardi à Madrid un haut responsable du géant américain des logiciels Microsoft (MSFT).

«Aujourd'hui, les (cyber) attaques ne sont plus une question de vandalisme mais d'argent», a déclaré à l'AFP Roger Halbheer, responsable sécurité de Microsoft pour l'Europe, le Moyen Orient et l'Afrique.

«La cybercriminalité était cool. Cela devient une histoire d'argent», a-t-il résumé, en marge d'une conférence internationale sur le terrorisme et la sécurité informatique, organisée près de Madrid, à l'Escorial.

C'est «une des côtés effrayants du ralentissement économique: je m'attends à ce que la criminalité informatique progresse», a expliqué M. Halbheer. La crise entraîne la mise à pied de nombreuses personnes avec de bonnes connaissances en informatique qui aujourd'hui «ont du temps et n'ont pas d'argent».

Il cite l'exemple du virus Conficker qui aurait infecté des millions d'ordinateurs ces derniers mois et dont la nature criminelle reste encore incertaine.

«Le but de Conficker n'est pas encore clair» explique-t-il. Mais les cybercriminels créent souvent des virus pour avoir «le contrôle d'un réseau d'ordinateurs» et pour «ensuite essayer de vendre leurs services» à des escrocs opérant sur internet.

«Il est bien possible que ce soit ce que cherche à faire le type qui a créé» Conflicker, explique M. Halbheer.

Une équipe a été mise sur pied par Microsoft pour désactiver ce virus également nommé DownAdUp. Microsoft offre parallèlement une prime 250 000 dollars pour l'identification du ou des responsables.

Ce virus qui se reproduit automatiquement, peut affecter les ordinateurs à travers Internet ou par des clés USB. «C'est une vilaine bête..., une des pires que j'ai vues depuis longtemps», avoue M. Halbheer.

Le responsable appelle parallèlement à une meilleure collaboration entre secteur public et privé pour faire en sorte par exemple qu'une banque puisse sans réticence avouer à un gouvernement s'être fait pirater, tout en étant sûre que l'information demeurera confidentielle.