Les séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey débutent ce soir et malgré leurs récents déboires, les fanions à l'effigie du Canadien de Montréal sont nombreux dans la grande région métropolitaine. Il faut avouer que le club centenaire est passé maître dans l'art du marketing. Il faudrait aussi souligner que l'équipe, tout comme la LNH d'ailleurs, semble également bien comprendre l'utilité des nouvelles technologies informatiques.

À l'occasion du match des Étoiles qui a eu lieu au Centre Bell en janvier dernier, la LNH a officiellement dévoilé ce qui s'avère probablement la meilleure stratégie pour contourner sa faible pénétration médiatique aux États-Unis: passer par l'internet.

 

Pour y parvenir, la Ligue a signé une entente avec le géant informatique Cisco qui lui facilitera l'accès aux plateformes technologiques les plus en vogue sur la Toile à l'heure actuelle, dont la vidéo et la mobilité.

La Ligue a installé des cabines de téléprésence dans les arénas de Montréal, Pittsburgh et Detroit. Ces cabines sont équipées d'un téléviseur et d'une caméra et sont reliées à un second poste près du vestiaire local, d'où les joueurs peuvent converser à distance avec des fans. Une façon de faciliter l'accès aux joueurs qui, assure la LNH, est unique parmi tous les types de sport professionnel.

«Nous voulons rendre l'expérience du hockey plus immersive et plus interactive encore», explique David E. Lehanski, vice-président responsable du marketing pour la LNH, sonnant étrangement comme un gourou du web 2.0. «La téléprésence n'est qu'une démonstration des idées que nous comptons implanter dans un futur proche.»

Du côté du web, la ligue dit avoir plus que doublé le nombre d'abonnés à son service de webdiffusion en direct (et en haute définition) des matchs présentés au fil de la saison. Des applications mobiles de vidéo sur demande sont également offertes en partenariat avec des exploitants de réseaux sans fil comme Bell Mobilité, au Canada comme aux États-Unis.

Des amateurs branchés

Cet investissement dans les nouvelles technologies n'est pas le fruit du hasard. La direction de la ligue s'est récemment aperçue que les amateurs de hockey étaient en général un public déjà très branché sur les nouveaux médias.

Selon les statistiques qu'elle possède à leur sujet, leur revenu moyen est le plus élevé parmi tous les autres sports professionnels d'Amérique du Nord (football, baseball, course automobile, etc.). Ils posséderaient également le plus haut niveau d'éducation, et seraient les plus gros utilisateurs des technologies informatiques et sans fil du lot.

«C'est pourquoi nous avons signé une entente comme celle-ci avec Cisco», explique M. Lehanski, qui ajoute que la ligue ne fait essentiellement que se coller aux habitudes de consommation de ses clients. «Pour nous, c'est un partenariat de grande valeur, car il nous met en lien avec un bassin d'amateurs qui connaissent bien les nouvelles technologies.»

C'est également le genre de partenariat qui n'échappera pas à l'oeil avisé des éventuels investisseurs qui se proposent de dépanner le propriétaire du Canadien de Montréal, George Gillett. À l'occasion d'une soirée-bénéfice pour l'École de technologie supérieure (ETS) de Montréal, le président de Vidéotron, Robert Dépatie, n'a pas manqué de souligner l'attrait qu'exerce le prestigieux club pour son groupe médiatique, lui-même très versé dans les nouveaux médias. M. Dépatie n'a cependant pas parlé de la possibilité d'une offre ferme en ce sens par Quebecor, préférant laisser ce dossier à son patron, Pierre Karl Péladeau.

Cela dit, peu importe le sort de l'équipe montréalaise, tant financièrement qu'en séries, une chose semble à tout le moins établie: le hockey de la LNH a résolument pris le virage internet en 2009, ce qui devrait se traduire au cours des prochaines semaines par les premières séries éliminatoires dignes du XXIe siècle.

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