Les cambistes parient de plus en plus que Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, imitera ses homologues japonais, suisse, britannique et américain et qu'il diluera la devise canadienne en favorisant un assouplissement quantitatif.

Parmi les devises les plus échangées dans le monde, seuls le yen, la livre anglaise et le dollar américain ont fait moins bien que le dollar canadien en mars après que les banques centrales eurent commencé à imprimer de l'argent le mois dernier pour acheter des titres de dette, ayant épuisé leurs autres outils de politique monétaire. De son côté, le dollar de Nouvelle-Zélande qui, comme la devise canadienne, a tendance à suivre les fluctuations des prix des matières premières, a connu en mars son meilleur mois en au moins 20 ans, selon des données compilées par Bloomberg.

 

Les stratèges de BNP Paribas, Bank of America-Merrill Lynch et de Morgan Stanley conseillent aux investisseurs de vendre le huard avant le rapport de politique de la Banque du Canada le 23 avril prochain. M. Carney a promis de mettre sur pied un plan pour inonder les banques de liquidités pour stopper l'accumulation de capital et pour stimuler les prêts. Le dollar américain, la livre anglaise et le franc suisse ont plongé de quelque 3,4% à la suite d'annonces semblables pour favoriser la croissance économique.

«Le précédent coupe l'herbe sous le pied de la devise», lance David Watt, stratège principal en matière de devises de RBC Marchés des capitaux, à Toronto, plus important cambiste canadien au chapitre du volume. «Tandis que nous avançons dans le mois, nous penchons de plus en plus vers une position à découvert en ce qui concerne le dollar canadien», ajoute-t-il. Une position à découvert est un pari qu'une devise va se déprécier.

Le huard baissera de 3,4%, à 1,27$CAN au dollar américain d'ici juillet prochain, comparativement à 1,2286$CAN hier, selon la prévision médiane de 40 économistes et analystes sondés par Bloomberg News. La semaine dernière, le huard avait progressé de 1%, à 81,31 cents US.

Le franc suisse a subi sa pire dégringolade comparativement à l'euro le 12 mars dernier, chutant de 3,3%, lorsque la Banque Nationale suisse a commencé à intervenir pour affaiblir la devise et dévoilé des plans pour acheter des obligations d'entreprise. Le 4 mars, la Banque du Japon a offert d'acheter pour 150 milliards de yens (1,5 milliardUS) de titres d'entreprises auprès de prêteurs, sa première décision du genre. Depuis lors, le yen accuse du retard par rapport aux 16 devises les plus échangées.

La Banque d'Angleterre a abaissé son taux directeur à 0,5% le 5 mars dernier, son niveau le plus bas depuis la création de la banque en 1694, et elle a indiqué qu'elle imprimerait de l'argent pour acheter jusqu'à 150 milliards de livres (222,6 milliardsUS) en obligations du gouvernement et d'entreprises. La livre anglaise s'est dépréciée de 4,6% par rapport à l'euro le mois dernier, après avoir perdu 23% en 2008.