Les difficultés financières dont se plaignent les patrons de la télévision passent encore inaperçues dans la rémunération de la haute direction de TVA (T.TVA.B), filiale de Quebecor Media.

C'est un total de 4,5 millions de dollars en salaires et primes que ce sont partagés les cinq principaux dirigeants du télédiffuseur en 2008, dont 1,5 million pour Pierre Dion, président et chef de la direction.

 

Aussi, cette cagnotte déclarée dans la circulaire de direction tout juste envoyée par TVA à ses actionnaires s'avère presque deux fois plus élevée que le montant de 2,3 millions inscrit dans la circulaire de l'an dernier.

Cette comparaison demeure partielle, toutefois, car la circulaire de 2007 de TVA était moins détaillée que celle de 2008, avant les changements réglementaires sur la divulgation des salaires des dirigeants.

Entre autres, la rémunération totale pour 2008 comprend une valeur attribuée aux options d'achat d'actions ainsi que la contribution de TVA au régime de retraite spécial de ses dirigeants.

Cela dit, le haut dirigeant de TVA le plus rémunéré en 2008 après le président fut Jocelyn Poirier, qui dirige les filiales TVA Shopping et TVA Publications.

Il a obtenu 872 487$ en 2008, incluant les primes en actions et options, devançant le président de la filiale TVA Films, Yves Dion, qui a été rémunéré 805 717$.

Pour sa part, la vice-présidente à la programmation de TVA, France Lauzière, a obtenu 737 616$ en tout en 2008. Son collègue à la vice-présidence et direction financière de TVA, Denis Rozon, a été rémunéré 601 506$.

Pour le contexte, il faut souligner que la rémunération multimillionnaire des dirigeants de TVA en 2008 leur a été attribuée lors d'un exercice financier plutôt favorable pour l'entreprise.

Le télédiffuseur et ses filiales ont rehaussé leur bénéfice net de 16%, à 44,8 millions, en 2008, alors que leur chiffre d'affaires a progressé plus modestement de 5%, à 436,7 millions. Toutefois, les résultats de TVA au quatrième trimestre de 2008 présageaient de prochains mois plus difficiles. Le bénéfice net trimestriel était en baisse de 7,6%, en dépit d'un chiffre d'affaires encore en hausse de 2,3%.

Par ailleurs, malgré cette rentabilité moindre, le bénéfice par action de TVA, lui, demeure en hausse. Cette contradiction apparente est la conséquence du rachat par TVA d'un lot important de 3 millions de ses actions négociées en Bourse,

Ces transactions ont coûté 51 millions à TVA à même ses liquidités d'affaires, et à l'avantage direct de ses actionnaires qui profitent ainsi d'une dilution moindre du bénéfice par action.

Mais la particularité chez TVA, c'est que le rachat d'actions s'est effectué au prix élevé de 17$ par action, un cours boursier qui remonte à mars et 2008.

Or, quelques mois plus tard, en décembre, les actions de TVA avaient dégringolé des deux tiers, aux environs de 5$ chacune. Elles cotent ces jours-ci autour de 8,75$.

Vu autrement, la direction de TVA aurait pu «épargner» plus d'une vingtaine de millions de dollars en liquidités si elle avait patienté quelques mois avant de racheter autant d'actions en Bourse.