Le produit intérieur brut des États-Unis a reculé de 6,3% en rythme annuel au quatrième trimestre 2008, plombé par une chute brutale de l'investissement des entreprises.

C'est ce qui ressort des chiffres définitifs publiés jeudi par le département du Commerce à Washington.Ce chiffre est supérieur de 0,1 point à la deuxième estimation du ministère publiée le mois précédent, mais est bien moins pire que les prévisions des analystes, qui estimaient le repli du PIB à 6,6%.

Cette révision n'entraîne pas de changement pour le chiffre de la croissance de l'économie américaine sur l'ensemble de l'année 2008, qui aura donc été de 1,1%, son niveau le plus faible depuis 2001.

Le PIB de la première économie mondiale a atteint 14 264,6 milliards de dollars US en 2008, indique le ministère.

Après le recul de 0,5% de l'été, les trois mois d'automne ont marqué le deuxième trimestre consécutif de baisse du PIB, ce qui n'était pas arrivé depuis la récession de l'automne-hiver 1990-91.

La chute du quatrième trimestre est sans pareille depuis le premier trimestre de 1982. Le PIB avait alors reculé de 6,4%.

Le ministère indique que la révision a été due à une baisse du niveau des stocks des entreprises et de l'investissement des entreprises, que la contribution finalement moins mauvaise que prévu du commerce extérieur n'est pas parvenue à compenser.

Comme il l'avait indiqué le mois précédent, le ministère relève que «la plupart des composantes du PIB ont contribué» à amplifier au quatrième trimestre la chute entamée au cours des trois mois précédents, à commencer par «une baisse des exportations et une chute bien plus forte des investissements» des entreprises.

En recul de 23% (rythme annuel) par rapport au troisième trimestre, l'investissement a fait perdre 3,47 points de croissance au PIB.

L'investissement des entreprises a plongé de 22%. Leurs dépenses en biens d'équipement et logiciels sont tombées de 28,1%, après un recul de 7,5% au trimestre précédent. Il faut remonter à 1958 pour trouver une chute plus forte.

En baisse pour le douzième trimestre de suite, l'investissement des ménages dans le logement a reculé de 22,8% (soit 6,8 points de plus qu'au troisième trimestre).

Les déstockages des entreprises ont fait perdre 0,11 point au PIB.

Après avoir augmenté de 3% au troisième trimestre, les exportations du pays ont baissé de 23,6%, du jamais vu depuis 1971. Résultat: le commerce extérieur a fait perdre 0,11 point de croissance aux États-Unis, ce qui est finalement moins que ce que le ministère avait annoncé le mois précédent (0,46 point de PIB).

Les dépenses de consommation, qui contribuent en temps normal à plus des deux tiers de la croissance de l'économie américaine, ont reculé de 4,3%. Cette contraction, qui a contribué à hauteur de 2,99 points au recul du PIB, est la plus forte depuis 1980.

Ce recul est dû à une chute des dépenses dans les biens durables (-22,1%, plus forte baisse depuis 1987) et non durables (-9,2%, record depuis la première publication de ces chiffres en 1947), les achats de services ayant augmenté de 1,5%.

La seule composante ayant contribué positivement au PIB est la dépense publique, qui a augmenté de 1,3%, beaucoup moins qu'au trimestre précédent (5,8%), apportant un maigre 0,26 point de croissance.

Mesure de référence de l'inflation pour la Réserve fédérale américaine, l'indice des prix liés aux dépenses de consommation (PCE) a finalement augmenté de 3,3% sur l'ensemble de 2008, sa plus forte hausse depuis 1991. L'inflation de base, c'est-à-dire hors alimentation et énergie, a atteint 2,2%, soit autant qu'en 2007.