La crise financière qui secoue les États-Unis a de nombreux effets négatifs sur l'économie québécoise et canadienne. Elle pourrait aussi en avoir un positif, puisque l'aide au démarrage de nouvelles entreprises dans les secteurs technologiques n'a pas été aussi généreuse depuis longtemps. C'est peut-être le bon temps pour se lancer en affaires...

Les mesures d'incitation ne manquent pas. Surtout depuis la semaine dernière, après le dévoilement de trois mesures d'aide incluses dans le budget provincial.

 

D'abord, un «fonds de fonds» de 825 millions de dollars, que Québec a mis sur pied conjointement avec la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité de la FTQ, et qui vise à capitaliser des fonds de démarrage pour des entreprises à caractère technologique.

Trois fonds distincts d'environ 40 millions chacun seront également créés afin de favoriser le démarrage de nouvelles entreprises. Ces fonds pourraient être destinés à des secteurs économiques (l'informatique et les biotechs, par exemple) ou à des régions spécifiques, ce qui reste à être défini.

60 millions additionnels iront à la recapitalisation des Fonds d'intervention économique régionaux (les fameux FIER) et à la création de nouveaux fonds à travers la province. Enfin, une exemption d'impôts de 10 ans est accordée pour la commercialisation de produits ou de services tirés de la recherche universitaire effectuée au Québec.

Cela dit, la Belle Province n'est pas la seule à stimuler le démarrage d'entreprises. L'Ontario également.

La populeuse province, qui peut se targuer d'avoir un ministère entier consacré à l'Innovation, a dévoilé plus tôt cette année un fonds de 250 millions pour les technologies émergentes. Une startup ontarienne en technologie de l'information (TI), en technologie verte ou en technologie de la santé qui décroche un investissement privé verra cette somme doublée par le fonds public.

Un avantage à saisir

«C'est une excellente nouvelle de voir que du capital est encore disponible au Québec. Surtout que ces annonces suivent l'arrivée de nouveaux investisseurs privés spécialisés, comme Montreal Startup», dit Mark McLeod, directeur financier de la société montréalaise Tungle, qui développe actuellement un outil de gestion d'agenda à partir d'Internet.

«Ça signifie que si vous voulez vous développer quelque chose qui sera commercialisé dans deux ou trois ans, vous pouvez le faire dès maintenant», ajoute celui qui en est à son cinquième démarrage d'entreprise en tant que responsable du financement.

Selon M. McLeod, ces nouveaux fonds arrivent à point, car les entreprises canadiennes ont l'habitude d'aller chercher de l'argent aux États-Unis de plus en plus rapidement. En ce moment, c'est plutôt la panne sèche de ce côté.

Cela constitue tout un avantage pour les entrepreneurs québécois qui comptent rivaliser sur le marché américain à moyen terme, au moment de la reprise économique.

«La bonne nouvelle est que les fonds sont complètement gelés aux États-Unis. C'est le luxe qu'on a au Québec: on n'a pas à mettre des milliards pour sauver les banques. Dans deux ou trois ans, on risque de sortir pas mal plus forts que les autres», estime Martin Duchaîne, directeur général de TechnoMontréal.

M. Duchaîne est également fondateur du réseau Anges Québec, qui regroupe une quarantaine d'investisseurs. Preuve que la crise n'a pas atteint le moral des entrepreneurs, Anges Québec affirme avoir reçu plus de 200 projets en six mois.

Une situation qui fait des jaloux à l'étranger. La semaine dernière, la société GrandBanks Capital de Boston a publié une lettre ouverte destinée aux entrepreneurs québécois et ontariens. «Nous sommes ouverts à toute heure du jour pour vos projets», y lit-on. «C'est le signe qu'en ce moment, il y a plus de potentiel ici qu'aux États-Unis», conclut Martin Duchaîne. «En tout cas, il y a une volonté d'investir.»

alain.mckenna@lapresse.ca