Même si les mesures annoncées hier par la ministre des Finances Monique Jérome-Forget devraient permettre de créer ou maintenir quelque 60 000 emplois, le Québec en comptera tout de même 62 900 de moins à la fin de l'année.

Le retour à la croissance l'an prochain permettra tout juste d'en récupérer la moitié, selon les prévisions prudentes de son ministère. Voilà pourquoi le taux de chômage moyen sera de 8,9% cette année et de 9,1% l'an prochain.

 

Comme il était sous la barre des 8,0% le mois dernier, le chiffre de 8,9% suppose donc qu'il franchira la barre des 9,0% d'ici décembre.

Le Québec sera quand même moins touché qu'au cours des récessions de 1990-1991 et de 1981-1982 à cause de la meilleure condition financière de ses ménages. La croissance de la consommation va ralentir à 1,2%. Sa production en usines souffrira cependant tout autant en raison de la gravité de la récession qui sévit aux États-Unis.

Le Québec exporte l'équivalent de la moitié de sa production dont le gros prend la route du sud.

Or, selon les prévisions de la Banque mondiale, les exportations diminueront à l'échelle planétaire pour la première fois depuis 1982, notamment en raison de l'effondrement des prix des matières premières.

Les seules exportations vers les États-Unis équivalaient l'an dernier à 23% de la taille de notre économie. Après le repli de 3,4% en 2008, elles chuteront encore de 8,3% cette année.

À cela s'ajoute un repli de même envergure des investissements des entreprises. Cela entraînera une importante contraction de la valeur marchande de l'ensemble de la production de ses biens et services. Le produit intérieur brut nominal reculera de 0,1% alors qu'on s'attendait plutôt à une croissance de 3,5% lorsqu'on avait fait les prévisions l'an dernier.

Règle générale, un écart d'un point du PIB nominal entraîne une variation de quelque 500 millions des revenus autonomes de la province. Cette révision entraîne donc un manque à gagner d'environ 1,8 milliard. En fait, il s'élèvera à 3,1 milliards car il faut aussi tenir compte de l'impact de la révision à la baisse du PIB nominal pour 2008 qui creuse l'écart avec 2009.

Le PIB réel, qui mesure la production en volume plutôt qu'en dollars courants, se contractera quant à lui de 1,2%, ce qui sera moins mauvais que le recul de 1,8% pour le Canada ou les 2,8% de décroissance escomptée aux États-Unis.

La ministre n'a pas manqué de souligner que tous les économistes révisent à la baisse leurs pronostics, mois après mois depuis l'automne.

Ainsi en septembre, la majorité tablait sur une expansion de 2,9% au Québec et jusqu'à 3,6% au Canada.

Si la ministre fonde ses prévisions de l'année en cours sur la prévision la plus conservatrice des économistes, elle fait preuve d'un peu d'optimisme pour l'an prochain en tablant sur une expansion de 1,9% du PIB réel et de 3,9% du PIB nominal.

 

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES

Détails des variation en pourcentage, sauf indication contraire

2009 / 2010

Produit intérieur brut réel 1,2 /1,9

Mises en chantier (en milliers) 38,8/ 37,3

Bénéfices des sociétés 15,3 /9,7

Prix à la consommation 0,4 /2,0

Création d'emplois (en milliers) 62,9 /29,5

Taux de chômage 8,9 /9,1

Source: Ministère des Finances du Québec