Stephen Harper maintient sa position sur les perspectives de reprise économique du Canada et rejette les critiques de David Dodge, l'ancien gouverneur de la Banque du Canada.

Dans une entrevue au Globe and Mail publiée mercredi, M. Dodge déclarait que les prévisions de reprise économique rapide sont trop optimistes et que le plan de relance économique du gouvernement n'est pas suffisant.

Le premier ministre, lui, maintient que les choses vont aller mieux et vite. Lors d'un passage à Toronto, mercredi, il a affirmé que beaucoup de gens font beaucoup de prévisions depuis le début de la crise, et que ces gens changent régulièrement leurs prévisions. Mais il assure qu'aussitôt que les problèmes du secteur financier américain et mondial seront réglés, l'économie du Canada rebondira rapidement.

M. Harper s'est retrouvé sur la défensive, mercredi, pendant une conférence au cours de laquelle les questions ont porté exclusivement sur les propos de M. Dodge.

«La réalité, c'est que les choses vont mal. Nous le savons, a déclaré M. Harper. Mais les Canadiens ne devraient pas perdre de vue le fait que nous demeurons en relative bonne position comparé à d'autres pays.»

M. Dodge, quant à lui, estime que l'actuelle récession sera longue, pénible et si profonde qu'elle provoquera des modifications au système capitaliste. M. Dodge ajoute que ceux qui prétendent que le pire sera passé au troisième trimestre de l'année en cours rêvent en couleur. Or, c'est là l'une des prétentions de son successeur à la Banque du Canada, Mark Carney.

Mais en fin de semaine dernière, M. Carney mettait un bémol à ses prévisions, reconnaissant que l'économie globale se détériorait plus rapidement que ce qu'il avait prévu et que le pessimisme qui en découle se reflétera dans ses prévisions économiques du mois prochain.

Le premier ministre Harper prévoit, lui, un retour des surplus budgétaires du gouvernement dès 2013, une prédiction que David Dodge qualifie de complètement irréaliste.

M. Dodge s'attend à un taux de chômage qui atteindra bientôt les 10 pour cent au Canada, de même qu'à d'importantes contractions dans des industries traditionnelles telles celles de l'automobile, de la presse écrite et de l'investissement dans l'extraction du pétrole des sables bitumineux.

David Dodge invite les décideurs politiques canadiens à élaborer des stratégies à plus long terme, et à structurer des plans de relance viables.

M. Harper n'a pas apprécié non plus ce sous-entendu à l'effet que son plan de relance n'est pas bien conçu. Ce n'est «certainement pas ce que le Fonds monétaire international a dit», a commenté M. Harper, qui s'est abstenu de mentionner le nom de M. Dodge au cours de la conférence de presse.

L'ancien gouverneur de la Banque du Canada oeuvre maintenant au cabinet d'avocats Bennett Jones, basé à Calgary.